La LDH, la Lidh et Human Rights Watch appellent à sanctionner les crimes de guerre au Liban. Au 20e jour de l'agression israélienne contre le Liban et au lendemain du bombardement de Cana, les ONG de défense des droits de l'homme évoquent ouvertement le crime de guerre. Les sections basées en Europe de ces organisations évoquent la forte possibilité de poursuite judiciaire contre les dirigeants de l'Etat hébreu sur la base d'accusation relevant de crime de guerre. Ainsi, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) encourage les ressortissants franco-libanais pour faire valoir leurs droits en France en les assurant de «l'assistance nécessaire» aux fins que «les auteurs de tous les crimes de guerre soient sanctionnés», selon un communiqué cosigné par la Fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh), diffusé hier. Les deux ONG soulignent qu'«en refusant la mise en oeuvre immédiate d'un cessez-le-feu, pourtant impératif, la communauté internationale méprise le droit à la vie de centaines de milliers de personnes». Prenant acte de la passivité de la communauté internationale, la LDH et la Fidh estiment que «cette attitude ne doit pas empêcher que les victimes de ces agissements soient entendues et que les auteurs de tous les crimes de guerre soient sanctionnés. C'est un des moyens par lesquels nous pouvons faire prévaloir le droit sur la force et conjurer peut-être d'autres violences aveugles». Les deux organisations de défense des droits de l'homme affirment vouloir apporter «notamment aux ressortissants franco-libanais, l'assistance nécessaire pour faire valoir leurs droits en France contre les responsables des dommages qu'ils ont pu subir». Une démarche juridiquement recevable, selon l'avocat de la LDH, Michel Tubiana, qui a précisé que les binationaux franco-libanais étant des ressortissants français, «toutes les juridictions françaises leur sont ouvertes pour tout ce qu'il leur est arrivé à l'étranger». Ainsi, les plaintes déposées peuvent viser jusqu'aux «plus hauts responsables israéliens». L'avocat souligne également que des plaintes de cette nature avaient déjà été déposées en Belgique. Le quotidien belge Le Soir avait rapporté jeudi que des Belges d'origine libanaise s'apprêtaient à déposer plainte pour crimes de guerre contre le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, le ministre de la Défense, Amir Peretz, et le chef d'état-major de l'armée, Dan Halutz. Les officiels israéliens préparent déjà leur défense en réfutant l'accusation. Israël argumente que le village de Cana était un bastion de la milice chiite libanaise Hezbollah, d'où des roquettes étaient tirées sur l'Etat. «Cela pourrait être un crime de guerre s'il s'agissait d'une attaque sans discrimination, mais il pourrait y avoir une autre explication qui en ferait quelque chose de légal, même si c'est regrettable», a commenté Avril McDonald, experte en droit international à l'institut T.M.C. Asser de La Haye. Pourtant le protocole additionnel 1 de la convention de Genève stipule notamment que «la population civile et les personnes civiles jouissent d'une protection générale contre les dangers résultant d'opérations militaires». «Les attaques sans discrimination sont interdites», dit ce texte. Human Rights Watch qui a accusé hier Israël de crime de guerre, relève que «la présence du Hezbollah parmi la population civile n'implique pas que celle-ci perde la protection que lui assure le droit international».