Le net recul de ces deux partis lors des législatives devrait se confirmer, voire s'accentuer le 10 octobre. Bien peu d'observateurs auraient cru la chose possible. Deux partis aux visions, principes fondateurs et stratégies diamétralement opposés qui se retrouvent pris dans le même piège et contraints, au détail près, à appliquer des politiques plus ou moins similaires. Au lendemain des législatives du 30 mai, on s'en souvient, le MSP et le RND étaient passés par des crises extrêmement sévères. Le majliss echoura du parti de Nahnah était passé par un mouvement de fronde, vertement exprimé par l'enfant terrible du MSP, Abderrezak Mokri, qui avait publiquement exigé que son parti quitte la coalition gouvernementale et s'attelle à faire un grand nettoyage dans les rangs de cette formation. Le MSP, qui a perdu à l'APN plus de la moitié de ses sièges et qui avait en face de lui le modèle d'un autre parti islamiste dont la constance a fini par porter ses fruits, le MRN en l'occurrence, a bel et bien traversé la crise la plus grave de son existence. Mais même si l'aura du cheikh a joué un grand rôle dans le retour au calme, un calme pour le moins précaire et trompeur, les choses sont loin d'être tranchées. Même topo, sinon pire, dans les rangs du parti éprouvette, né avec des moustaches, qu'est le RND. Le terrible échec essuyé par ce qui était «la première force politique du pays» a poussé son leader, le très controversé Ahmed Ouyahia, à rendre son tablier. De fronde en fronde, une tempête a failli balayer le parti. Il a fallu toute la «sagesse» et le «savoir-faire» de son arrière-arrière garde pour que soient sauvés les meubles du parti in extremis. Mais, Ouyahia, dans une retentissante conférence de presse, avait promis des mesures sévères tant sur le plan disciplinaire que pour ce qui est de la ligne, c'est-à-dire des raisons qui ont poussé le RND droit vers le précipice. Mais les «bonnes résolutions» ont fondu comme neige au soleil devant le laps de temps trop court existant entre les législatives et les locales. Ces deux partis ont juste eu le temps d'essuyer le plus gros des dégâts avant d'être rattrapés par cette nouvelle fièvre électorale. Résultat des courses: les deux formations politiques n'ont rien changé aux raisons principales qui se trouvent derrière leurs échecs respectifs lors des législatives du 30 mai. Le MSP continue sur sa politique de l'entrisme, tentant maladroitement de justifier cette stratégie en martelant que le pouvoir n'est pas entièrement corrompu et que la présence de ce parti dans les circuits décisionnels aurait permis la prise de quelques décisions en faveur du peuple et du pays. Maigre argument, s'il en est, devant des votes sanctions devenus légion chez une population saignée à blanc, ne croyant guère plus aux discours électoralistes. Du côté du RND, les choses sont encore plus graves puisque ses rangs se sont clairsemés depuis les résultats du 30 mai et le retour en force du FLN. C'est forcé, donc, qu'il a été obligé de reconduire une très grande partie de ses élus locaux. Des élus pourtant «forts» d'un bilan plus que discutable qui risque de jouer de fort mauvais tours au RND. En clair, ces deux partis, mais aussi Ennahda dont le nouveau patron ne sait même plus sur quel «discours»...danser, risquent bien de confirmer leur dégringolade au lendemain du scrutin du 10 octobre prochain. La fraude, toujours elle, aura bon dos pour tenter d'expliquer des réalités politiques pourtant visibles...