L'organisation du Sud-Est asiatique espère également une avancée avec Pyongyang. Les ministres des Affaires étrangères du Sud-Est asiatique ont assuré hier avoir «tiré les oreilles» du Myanmar au sujet des élections qu'elle prévoit cette année, lors d'une réunion annuelle où les tensions dans la péninsule coréenne figuraient également en bonne place. Les chefs de la diplomatie de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean) sont à Hanoï pour leur grand-messe annuelle, qui culminera vendredi avec leur Forum régional sur la sécurité (ARF) en présence de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Dès leur dîner informel lundi, ils ont pressé de commentaires leur collègue Nyan Win sur les élections birmanes, selon le secrétaire général du bloc, Surin Pitsuwan. «Le Myanmar, je pense, s'est fait tirer les oreilles la nuit dernière», a-t-il dit à des journalistes. «L'Asean est très préoccupée et l'Asean porte beaucoup d'intérêt à la réconciliation nationale pacifique au Myanmar.» Nyan Win a «écouté très, très attentivement» et informé ses homologues de l'avancée du processus électoral, sans malgré tout mentionner de date pour le scrutin, a poursuivit. M.Pitsuwan. La préparation des élections vaut une pluie de critiques internationales à la junte au pouvoir au Myanmar. Le processus exclut l'opposante et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. Dans un projet de déclaration commune, obtenu ce week-end, l'Asean (Vietnam, Myanmar, Thaïlande, Indonésie, Singapour, Philippines, Malaisie, Laos, Cambodge, Sultanat du Brunei) réitérait son appel à des élections «libres», «justes», qui incluraient tout le monde. Mais l'organisation de défense des droits de l'homme, Amnesty international a appelé le bloc à aller plus loin, estimant qu'il jouait sa «crédibilité». Les ministres de l'Asean seront peu à peu rejoints cette semaine par leurs autres collègues de l'ARF. La Corée du Nord promet aussi de mobiliser une bonne partie des débats. L'ARF regroupe les six parties prenantes aux négociations, pour l'instant bloquées, sur le programme nucléaire de Pyongyang: Etats-Unis, mais aussi Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Japon, Russie. «Je crois comprendre que les ministres vont (...) tirer avantage de la présence du ministre des Affaires étrangères nord-coréen pour entamer des discussions et voir s'il est possible d'insuffler une nouvelle vie aux pourparlers à Six», a encore glissé M.Pitsuwan. Pyongyang a claqué la porte des négociations en 2009, après un tir de missile sanctionné par le Conseil de sécurité de l'ONU. Le dialogue, entamé en 2003, vise à persuader le pays communiste de renoncer à ses programmes atomiques en échange d'aide et de garanties en matière de sécurité. L'ambassadeur nord-coréen aux Nations unies a indiqué que son pays pourrait revenir à la table des négociations à Six. Ses déclarations sont intervenues après un épisode aux Nations unies qualifié de victoire diplomatique par Pyongyang: le refus du Conseil de sécurité de lui imputer la responsabilité du naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan, qui a fait 46 morts en mars. Séoul estime que Pyongyang est coupable. La Corée du Nord nie toute implication. Le Conseil de sécurité a condamné l'attaque, tout en se gardant de désigner un pays en particulier. Un responsable américain a de son côté affirmé que les alliés sud-coréen et américain pourraient reprendre le dialogue avec la Corée du Nord si elle renonçait aux «provocations». Hillary Clinton sera aujourd'hui à Séoul.