A Tigzirt, les prix exorbitants pratiqués par les commerçants sont le seul point noir sur la plage. Une journée sous le ciel azur, ça revient cher...très cher. Une virée sur les plages renseigne de façon éloquente sur les prix pratiqués par les commerçants. Entre les estivants qui s'indignent de la cherté des produits étalés et les commerçants qui restent intraitables, le rôle des services de contrôle est inexistant. Les conversations expriment le plaisir que procurent les différentes commodités mises à leur disposition par les pouvoirs publics mais dénoncent aussi la voracité des gargotiers et vendeurs. Des plages luxueuses et des commodités lénifiantes Les projets d'aménagement des plages de la wilaya de Tizi Ouzou ont tous été réceptionnés. Ces lieux de villégiature ont subi une totale métamorphose. Des parkings pour les automobilistes longent les plages avec une sécurité totale. Des allées piétonnes dignes des plages du Pacifique ont été conçues pour offrir aux estivants des balades matinales et au coucher du soleil. «Incroyable! Les plages ne ressemblent pas à celles que j'ai laissées avant de partir en France», s'exclamait un émigré venu à Tigzirt en famille. Les changements effectués sur le paysage font réagir sa femme séduite: «Vive l'Algérie!» Ils n'en croyaient pas leurs yeux. Au chapitre de la sécurité, les améliorations sont éloquentes. «Avant, tu ne pouvais même pas quitter tes affaires des yeux. Maintenant, on peut aller faire un tour en ville sans craindre d'être volé», remarquait un autre homme qui observait ses enfants jouant avec les petites vagues. Certains n'hésiteront pas à faire remarquer la disparition du voyeurisme sur les plages. «Aujourd'hui, les gens sont plus civilisés. Personne ne te regarde. Chacun prend sa place sous son parasol. C'est génial», affirme une autre femme entourée d'enfants. En effet, les améliorations sont visibles et remarquées par tous les gens que nous avons interrogés. La construction du port de Tigzirt a eu comme conséquence, la disparition de la petite plage. Elle n'existe aujourd'hui que sur les cartes postales des collectionneurs. A la place, a émergé à une aire de loisirs pour enfants. En l'espace de quelques mois, elle s'est imposée comme le lieu le plus convoité par les familles de la région. Ah!...les prix Les commerçants sont, hélas, l'unique bémol de cette symphonie estivale. Les vacanciers n'hésitent pas à qualifier les prix pratiqués de vol déguisé. Du côté des commerçants installés au bord des plages, le consensus s'est vite dégagé. «Nous n'avons qu'un mois, cette année pour rentabiliser nos affaires. Alors, avec les tarifs auxquels nous avons loué, faites vos calculs vous-mêmes», rétorque agacé le propriétaire d'une gargote. Cet argument n'est pas du tout recevable pour les estivants. «Vous trouvez normal, une bouteille d'eau à 50 et 60 DA?» s'interroge, dépitée, une personne que nous avons rencontrée dans un magasin près de la plage. Nous avons pris le soin de vérifier durant plusieurs jours dans plusieurs lieux et nous avons constaté que les prix pratiqués défient toute logique. Les dénonciations des vacanciers sont fondées. Les tarifs sont exorbitants. Sur la plage, un plat de sardine est cédé entre 180 DA et 200 DA. Les serveurs, lassés par les réclamations des clients, refusent de discuter sur ce sujet. «Je n'ai pas à expliquer à tout le monde comment je fixe les prix. Je dois rentabiliser mon affaire et je n'ai pas beaucoup de temps», nous répond un propriétaire agacé par notre question. «Un plat à 200 DA, mais ça ne coûte que 100 DA. Là, c'est le double...», s'indigne un client qui a suivi la conversation. La discussion a failli tourner au vinaigre. La colère des estivants est facilement visible. «On nous prend pour des milliardaires. Ce sont des tarifs de luxe. Nous ne sommes pas en croisière», s'écrie un autre devant un garçon de café. Une tasse de café est cédée, en fait, à 30 DA. Imperturbables et indifférents, un groupe de jeunes, équipés de guitares, expliquent qu'ils ont trouvé la solution. «J'ai tout ce qu'il faut avec moi, du café, de la bouffe et de l'eau. Je n'achète jamais chez ces loups. Je ne paie que le parasol», explique un membre du groupe. Prenant tout avec philosophie, l'un d'eux trouve les prix abordables car les gens peuvent, selon lui, ramener tout de la maison. «Beaucoup se plaignent, mais ils sont comme ça même si tu leur vends un sandwich à un centime. Vous savez à combien ils louent des logements là-haut en ville? À 30.000, à 40.000 DA. Il y en a même qui louent à 60.000 DA le mois», argumente-t-il. Quand quelques gargotiers font la loi En fait, cette réalité est vite vérifiée sur le terrain. Alors que l'Etat a consenti des budgets faramineux pour rénover les plages, un autre segment hyper-important dans la relance du tourisme reste en jachère. «Comment ces gens fixent leurs prix? Qui les contrôle?» s'interroge un autre estivant, l'air dégoûté. «Comment l'Etat qui assure la sécurité sur les plages n'arrive pas à contrôler quelques gargotiers?» s'interroge un autre. En effet, les pratiques de ces commerçants saisonniers même si aucun cas d'intoxication n'a été signalé jusqu'à présent, restent inacceptables pour la totalité des visiteurs. Une journée à la plage est un loisir accessible à tout le monde mais, les prix pratiqués risquent de remettre en cause les commodités mises à sa disposition par l'Etat. Car, ce ne sont tout de même pas quelques gargotiers qui doivent faire la loi à la place d'un Etat qui a investi des milliards pour le bien-être des citoyens.