Par prudence, les 76.000 habitants du quartier d'Ihaddaden refusent de consommer cette eau. Alors qu'elles pensaient être à la fin du calvaire subi des années durant en matière de pénurie d'eau potable, les populations, qui sont alimentées depuis plus d'une semaine à partir du barrage de Tichy Haff, n'en reviennent pas. L'eau qui coule dans leurs robinets n'est pas seulement inconsommable mais dégage une odeur nauséabonde. Les habitants d'Ihaddaden qui nous ont rendu visite avaient en leur possession un échantillon, qui confirme leurs dires. Par prudence, les 76.000 habitants de ce grand quartier de la ville de Béjaïa, refusent de consommer cette eau. «Nous recevons une eau qui a une odeur semblable à celle des eaux usées», s'indignait cette ménagère indiquant que «pour l'instant, nous ne l'utilisons que pour laver le linge et d'autres tâches domestiques». Les habitants de ce grand quartier n'ont de choix que de se rabattre sur les eaux minérales commercialisées. Ils en achètent par bidon de 5 et 10 litres pour les besoins de boisson et de cuisine. «Nous avons saisi l'Algérienne des eaux (l'ADE) qui nous a demandé de patienter car l'eau redeviendra inodore et plus claire», ont souligné les habitants de ce quartier. Week-end oblige, nous n'avons pas pu, pour notre part, prendre attache avec l'organisme distributeur, mais selon les recoupements d'information en notre possession, la situation devrait se rétablir incessamment. On croit savoir, par ailleurs, que des analyses sont effectuées pour déterminer le degré de dangerosité de cette eau pour le consommateur. Il est utile de rappeler que l'eau du barrage de Tichy Haff coule dans les robinets depuis près d'une semaine, soit le jour même de la visite d'inspection et de travail effectuée par le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal. Le lâcher de cette eau n'aurait jamais eu lieu si les analyses effectuées n'indiquaient pas qu'elle était potable donc propre à la consommation. Un ingénieur en hydraulique nous expliquait hier que «cette situation est tout à fait normale sachant que les conduites sont toutes neuves et qu'il aurait fallu d'abord en lâcher une bonne quantité dans la nature avant de la livrer aux consommateurs».