Pénurie d'eau, coupures de courant électrique, de téléphone et d'Internet. C'est ainsi que sont accueillis les milliers de citoyens qui ont choisi Béjaïa comme destination de leurs vacances. Lorsque les éternels travaux s'ajoutent, cela donne un cocktail explosif qui donne une si mauvaise image de la ville que l'on a vite envie de la quitter. Juillet tire à sa fin, la ville et ses stations balnéaires ont fait le plein. Leur population s'est démultipliée et c'est ce moment qui est choisi pour goudronner les routes, intervenir sur le réseau électrique et celui de l'alimentation en eau potable. Veut-on dire aux visiteurs qu'à Béjaïa on est sérieux et on travaille pour eux? La question mérite d'être posée sachant que la saison estivale se prépare en temps utile et qu'en principe tout devait être fin prêt avant l'arrivée des estivants. Cette manière de faire est comme une ritournelle qui revient chaque été. Depuis le temps que la Route nationale 9 est dans tous ses états, personne n'a jugé utile d'intervenir pour la rafistoler et on a attendu le mois de la forte affluence touristique pour engager des travaux. Aussi, pour se rendre sur la côte (Tichy, Aokas...) il faut avoir les nerfs en acier pour supporter les longs bouchons de la circulation dus à ces travaux. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. De l'autre côté de la wilaya, rien ne va plus sur l'axe routier qui dessert la ville de Béjaïa vers la côte ouest de la wilaya. La Route nationale 24, qui est déjà dans un état piteux, fait l'objet d'obstruction, oeuvre d'une population qui a soif. C'est le seul moyen que les habitants d'Oghil El Bordj ont trouvé pour engager cette action musclée qui n'a pas été sans conséquence sur la circulation routière en cette période de vacances. Ils réclament de l'eau. Ils n'en ont pas eu depuis près d'une semaine. Paradoxalement, c'est au moment où on a procédé au lâcher des eaux du barrage de Tichy Haff que les populations crient à la soif. On s'attendait pourtant à une nette amélioration de la distribution de l'eau potable à la suite de l'alimentation en AEP de pas moins de 70.000 âmes d'Ihaddaden depuis la récente visite de Sellal, voilà que de nom-breux quartiers de la ville sont privés d'eau et n'en disposent que pendant quelques heures. Que se passe-t-il donc? Pourquoi cette dégradation dans la distribution de l'eau? Des questions qui ne trouvent pas de réponse. En l'absence de l'administration concernée et de ses responsables, week-end oblige, il était hier impossible d'en savoir plus sur ce retournement de situation et le paradoxe qui la caractérise. Les citoyens d'Ighil El Bordj sont sans eau depuis près d'une semaine. Ils ne sont pas les seuls à travers la wilaya de Béjaïa. S'il est vrai que l'eau est la denrée la plus demandée en été, rien n'explique, cependant, la catastrophe qui règne en maître en ce moment même à travers toute la wilaya de Béjaïa. Qu'on soit citadin ou campagnard, on est frappé de plein fouet par une pénurie que seule l'absence de maîtrise de la distribution peut expliquer. Un rôle qui échoit à l'Algérienne des eaux (ADE). Le citoyen de Béjaïa peut aisément comprendre la raison du manque d'eau dans son robinet lorsque celle-ci est rare. Il n'exigerait alors qu'une répartition plus équitable. Mais là, ce n'est guerre le cas puisque depuis quelques jours, le nombre d'utilisateurs de la quantité d'eau qui provient de Taskeriout et autres sources a été réduit de 70.000 personnes. Logiquement, l'eau devrait être disponible et abondante, or c'est le contraire qui s'illustre. «Plus on a de l'eau plus on a soif», ironise cette habitante du quartier Naciria. Si la saison estivale a de tout temps été marquée par des manifestations du genre, la présente saison l'est encore plus. Chaque jour que Dieu fait, les gens descendent dans la rue pour crier leur ras-le-bol de la situation qui règne dans leurs localités. Et lorsque les autorités locales se distinguent par leur absence, la colère s'installe dans la durée avec toutes ses conséquences. La demande en courant électrique est une autre réalité en été. Une situation connue de tous temps. Mais à Béjaïa on ne semble pas en prendre conscience. Dès qu'il y a coupure soudaine, les habitants sont privés de la fraîcheur des climatiseurs, provoquant des dégâts aux aliments et surtout bloquant différentes utilisations, le courant électrique étant si indispensable qu'en son absence la vie s'arrête en quelque sorte. A Béjaïa on ne peut pas travailler tranquillement. Une coupure électrique, téléphonique ou d'Internet peut survenir à tout moment. Dès lors, tout le monde est soumis au stress. L'obligation de faire vite tant qu'il est encore temps est présente chez Monsieur tout-le-monde. C'est le seul souci au réveil. Ainsi va la vie d'une ville touristique censée être accueillante et confortable. Béjaïa offre le contraire à ses estivants, comme si elle leur disait: vous vous êtes trompés en me choisissant pour votre villégiature. A bon entendeur, salut!