L'aveu, est cet appel formulé par Khadidja Salhi pour que la chanson soit un art régulé par des règles déontologiques respectées. «Ce soir, je chanterai une grande chanson qui appartient à la défunte Hadjira Bali». La sentence a été faite par Khadidja Salhi qui a coupé l'herbe sous les pieds des auteurs des larcins artistiques répétés. Le message est clair, ne volez pas les créations des autres, a insinué Khadidja Salhi. Les éditeurs et les chanteurs, notamment ceux du raï, sont mis devant le fait accompli et même devant leurs responsabilités, «rendre à César ce qui appartient à César» et laisser tranquille la chanson oranaise. La chanson intitulée Biya Daq Lmour en est cet exemple concret d'un plagiat sans que le véritable auteur ne soit cité un jour par les «forfaitaires» du délit artistique. La chanson est ce chef-d'oeuvre, dont l'auteur est la défunte Hadjira Bali, qui a fait le bonheur et la célébrité de Cheb Khaled. En le retirant du fond du tiroir, le King tente quelques arrangements et intègre quelques instruments modernes et le tour est joué. Mais ce plagiat n'est pas la responsabilité unique des «chanteurs-piqueurs». Les éditeurs, eux aussi, sont pointés du doigt. «Pourvu que ça marche commercialement», est ce crédo entériné et mis en application par les maisons de productions qui exigent des chanteurs de reprendre les chants qui leur sont proposés par eux sans trop poser de questions sur les origines du texte. Là est toute la question. C'est pourquoi la diatribe implicite de Khadidja Salhi. L'aveu est cet appel formulé par Khadidja Salhi pour que la chanson soit un art régulé par des règles déontologiques respectées. Ainsi donc, la participante à la 4e soirée de la 3e édition du Festival de la chanson oranaise est passée en dessus de toutes les considérations, manière de dire «laissez tranquille la chanson originale». Il est vrai que le plagiat fait rage dans le milieu raï. Cheb Yazid fait l'objet de sévères critiques à Sidi Bel Abbès, ville natale de Cheikh Zergui, qui revendique l'appartenance à ce dernier de la chanson intitulée Aâtatni Hdiya, (elle m'a offert un cadeau). La colère des Bélabessiens a été alimentée à la suite d'une émission télévisée à travers laquelle Cheb Yazid a fait sienne la chanson qui a fait sa célébrité. La chanson oranaise est ce style qui continue à drainer les foules, familles oranaises et visiteurs d'El Bahia. Comme le fadou (Portugal) ou encore toutes les autres chansons populaires, le verbe oranais, qui a imprégné de sa marque pendant plusieurs décennies, est ressuscité de plus belle à l'occasion du festival local de la chanson oranaise. De tous les chanteurs qui se sont succédé sur la scène du Festival d'Oran, le verbe pudique a retrouvé son aura au grand bonheur de ses maîtres Ahmed Wahby, Cheikh Fethi, Cheikh Zergui, Blaoui El Houari, El Khaldi, Mustapha Ben Brahim, Cheikh Ben Khelouf. En raison des grandes mutations sociales, le peu de chanteurs qui continuent à préserver soigneusement ce style se comptent sur les doigts d'une seule main dont Baroudi Bekhedda, Samia Benabi, Oulhaci.