Le mariage qui, par le passé, était une occasion pour des retrouvailles dans la gaîté et la joie, est devenu une circonstance pour exhiber et faire mieux que l'autre. L'été écourté par le Ramadhan a amené de nombreuses familles à avancer leurs fêtes. Quotidiennement, les cortèges défilent. Le mariage est par définition, l'union de deux êtres, pour le meilleur et pour le pire. Chez nous, et quelle que soit la région, cette occasion est saisie pour donner libre cours à toutes les tentations. Rares sont les familles qui ont gardé les valeurs léguées par nos ancêtres, qui se souciaient pour l'avenir de leurs progénitures. La fête, les youyous, la danse et le couscous, sont les seules traditions restées intactes. Le modernisme, mais surtout l'apparence, ont pris le dessus. Le mariage, qui par le passé était une occasion pour des retrouvailles dans la gaîté et la joie, est devenu une circonstance pour exhiber et faire mieux que l'autre. Fini le temps de l'entraide, où les voisins mettaient gracieusement leurs habitations à la disposition des mariés. La location des salles à coups de millions de centimes est légion, même chez les moins nantis. L'or, l'argent sont une exigence inévitable imposée au marié. Certaines familles exigent un nombre précis de voitures pour le cortège qui, obligatoirement doit sillonner toute la ville avec, à la clé, un véhicule bien fleuri pour les mariés qui voyageront ensemble. Nous nous rappelons tous cette symbolique qui voulait que la mariée sorte de chez elle couverte d'un burnous porté par son père. Actuellement, c'est dans une robe blanche style Yves Saint-Laurent, ou Cardin..., au bras du marié, que l'heureuse élue quitte le domicile familial. Les changements ont touché aussi le repas, même si le couscous reste le dénominateur commun. Selon la bourse, les invités ont droit à une chorba, h'rira, au plat de pruneaux, à diverses salades et bien sûr au plat typiquement algérien: le couscous, le tout agrémenté de limonade et d'un dessert. A la sortie, on offre une boîte contenant des gâteaux traditionnels. La disparition des anciens rites n'est pas générale. A Béjaïa, dans un village dit Tharamanent, dans la commune d'Aokas, nous avons été conviés à une fête où l'esprit familial, la convivialité villageoise, sont restés intacts. Plus à l'est, à Skikda, le mariage d'un proche, nous permis de découvrir des célébrations proches de l'Occident, si on excepte la présence d'un imam et la lecture de la Fatiha, pour sceller l'union. Le choix entre le mariage traditionnel et les célébrations actuelles, reste peut-être le problème à l'origine des réticences de bon nombre de jeunes. La situation sociale, la crise du logement, sont les autres facteurs qui poussent la jeunesse à repousser la date fatidique. Entre les deux formes, chacune a ses avantages et ses inconvénients. Le recours à la science, pour éviter les méfaits et séquelles du mariage consanguin est, à ne pas douter, une bonne chose. Endetter un jeune marié en lui exigeant des dépenses colossales, peut influer sur le reste de ses jours et ceux de sa dulcinée... Entre ces deux formes de célébrations, reste-t-il de place à l'amour qui, au départ devait être la cause essentielle pour une union?