Entre 2002 et 2009, la Banque européenne d'investissement a accordé à l'Algérie des prêts de 332 millions d'euros. La Banque européenne d'investissement n'a pas épargné le secteur financier algérien. Le rapport d'activité de la banque souligne que malgré les progrès significatifs accomplis ces dernières années, le secteur bancaire doit encore évoluer pour devenir un véritable secteur de ressources à des fins productives. L'accès au crédit reste difficile, ce qui freine les investissements du secteur privé et, en définitive, la croissance. Le volume des crédits accordés au secteur privé est faible en Algérie, est-il constaté. C'est tout le contraire dans d'autres pays méditerranéens comme la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie. En Algérie, cette faiblesse est due au fait que de nombreuses banques appartiennent à l'Etat, qui est omniprésent dans l'économie. Les enquêtes sur le climat d'investissement, menées par la Banque mondiale dans l'ensemble de la région, montrent que l'accès aux financements et leur coût sont souvent cités comme des obstacles majeurs aux initiatives économiques privées. Vu sous l'angle des petites entreprises, le décalage entre les banques et l'économie réelle est encore plus marqué, assène le rapport. Ce dernier fait ressortir que l'Algérie n'est pas gâtée par les financements européens. De 2002 à 2009, l'UE a accordé à l'Algérie des prêts pour un montant de 332 millions d'euros. Dans le même laps de temps, l'Egypte et la Tunisie ont reçu chacune plus de deux milliards d'euros. Les crédits alloués à l'Algérie ont été affectés à trois secteurs: l'industrie, les transports et le capital investissement. La Banque n'exclut pas de faire mieux à l'avenir. Le rapport stipule que les regards se tournent désormais, vers 2010 où deux temps forts détermineront les contours de l'action future de la BEI dans la région. Il s'agit de la revue à mi-parcours des mandats extérieurs de la Banque, ainsi que le 2e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, qui définira le programme de travail de l'Union pour la Méditerranée. En tout cas, l'action de la BEI n'est qu'un soutien au développement interne, lui-même entravé par la crise financière mondiale. Ses retombées ont interrompu la période de solides performances économiques dans laquelle étaient engagés les pays partenaires méditerranéens aidés par un contexte international favorable et les progrès accomplis progressivement sur le plan des réformes structurelles, souligne le rapport. Il ajoute qu'entre 2004 et 2008, le PIB a progressé à un taux moyen légèrement inférieur à 5% en valeur réelle et l'activité économique est restée très dynamique, même en 2008, malgré la détérioration des perspectives économiques mondiales au second semestre de l'année. L'analyse de la Banque va plus loin. Selon elle, l'hypothèse initiale d'une différenciation entre groupes de pays, selon laquelle la crise qui avait en réalité pris naissance dans les économies matures allait épargner les pays méditerranéens car leur exposition aux actifs toxiques était limitée, s'est trouvée fragilisée, en septembre 2008, lorsque la situation s'est aggravée suite à la faillite de Lehman Brothers. Le contexte de repli de la demande et de forte détérioration de la confiance a également pesé sur le prix des produits de base. Les pays exportateurs de pétrole ont été particulièrement frappés puisque l'Algérie a vu ses exportations chuter de 40% entre 2008 et 2009, est-il souligné. La seule consolation réside dans le fait que les économies plus diversifiées ont, elles aussi, subi les conséquences de la crise lorsque la demande a diminué pour leurs produits. Au Maroc, les exportations ont enregistré en un an une baisse de 24%. C'est peut-être pour justifier son manque d'engagement vers certains pays que la banque s'attarde sur l'analyse de la crise. L'une des premières conséquences de cette dernière a été l'assèchement des flux de capitaux internationaux, est-il précisé. Les financements sont devenus plus difficiles à obtenir sur les marchés des capitaux et les rares crédits disponibles étaient assortis d'échéances plus courtes et de ce fait plus coûteux. Tandis que les prêts bancaires nets ont accusé un recul. Le manque de flux financiers européens a été néanmoins aisément compensé par les disponibilités épargnées par l'Algérie comme en témoigne le plan d'investissement de 286 milliards de dollars de 2010 à 2014. Cela va faire en sorte que la croissance de l'activité économique est prévue en 2010 et 2011. L'année prochaine, la croissance du PIB sera de 4,2% contre 3,7% en 2010, selon les prévisions de la BEI, même si le gouvernement est plus optimiste en tablant sur 5%. La question qui se pose est de savoir si cette reprise sera suffisante pour faire fléchir un chômage aussi élevé que persistant, qui représente un véritable défi économique et social dans la plupart des pays partenaires méditerranéens, en particulier pour les jeunes à la recherche d'un emploi, est-il constaté.