L'alerte a été donnée par l'Association des banques et des établissements financiers (Abef) qui, dans une instruction datant du mois de juillet, rappelle aux établissements concernés que «le client est appelé à justifier ses entrées en devises». Dans la plus grande discrétion, des enquêtes sont menées, depuis quelques semaines, au niveau de toutes les banques publiques et privées agréées en Algérie, sur les comptes en devises appartenant à des particuliers. L'alerte aétédonnée par l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), qui, dans une instruction datant du mois de juillet, rappelle aux établissements concernés que «le client est appelé à justifier ses entrées d'argent en devises». Cette opération est de nature à renforcer le contrôle pour éviter toute surprise au niveau des banques algériennes. «L'objectif est de vérifier les instruments de contrôle et d'intervention permettant la prise en charge de la prévention et de la lutte contre le blanchiment d'argent», a confié une source à L'Expression. Certains comptes suscitent plus d'intérêt que d'autres. Une source proche du dossier confie à L'Expression que ce contrôle routinier exigé par la réglementation bancaire n'est pourtant pas appliqué sur le terrain. Des dizaines de milliers de citoyens algériens disposent de comptes en devises sans toutefois être soumis à l'obligation de justifier la source de leur argent «ce qui n'est pas normal». «Certaines banques, par contre, refusent sans aucune justification l'ouverture de compte en devises pour les particuliers», précise notre interlocuteur. En fait, un flou et parfois des contradictions caractérisent l'application de la réglementation ayant trait à l' ouverture des comptes en devises. «Cela est parfois laissé à l'appréciation du banquier.» En effet, certaines banques, à titre d'exemple, acceptent l'ouverture de deux comptes en devise et monnaie différente pour la même personne, d'autres par contre, trouvent cela impossible. Il faut savoir qu'une récente enquête menée par la brigade économique et financière a révélé le recensement d'un million de comptes en devises appartenant à des Algériens. Ils sont dans la majorité alimentés de l'étranger. «Les banques doivent développer davantage leurs performances en matière de contrôle sur le terrain et le contrôle permanent.» Il faut savoir que la législation algérienne permet aux personnes physiques résidentes ou non résidentes en Algérie «d'effectuer toutes les opérations personnelles n'ayant pas un caractère commercial et libellées exclusivement en devises, notamment les versements et retraits, la réception des virements émanant de l'étranger, la réalisation des virements vers l'étranger.» Par ailleurs, nous apprenons que des convocations ont été envoyées à plusieurs personnes détenant des comptes en devises par la Crtf (Cellule de recherche et de traitement financiers). Ces derniers ont été priés de justifier leurs revenus en devises. L'Algérie ne cesse de renforcer sa législation pour lutter contre la corruption. Cela a coïncidé avec le feuilleton des scandales financiers. Le décret publié date de quelques jours. Il a trait aux paiements de plus de 500.000 DA. Selon le texte, tout paiement dont la somme dépasse les 500.000 DA devra dorénavant être effectué à l'aide de moyens scripturaux. Autrement dit, chèques, virement, cartes de paiement, prélèvement, lettre de change. ou un billet à ordre. Cette révolution dans les habitudes de paiement des Algériens entrera en vigueur selon le même texte, le 31 mars 2011. Les administrations publiques, organismes publics, entreprises gérant un service public, ainsi que les opérateurs publics et privés sont ainsi tenus d'accepter les règlements des transactions, des factures et autres dettes par les moyens de paiement dits «scripturaux», comme l'indique la nouvelle loi.