Les conversations au marché mettent en évidence la nécessité de réformer les circuits de distribution. Au premier jour du mois de jeûne, la circulation est inhabituelle dans les marchés. La cadence est nonchalante, mais les allées marchandes fourmillent de monde. C'est le premier jour du mois de Ramadhan, les prix ont repris leur ascension. Premiers produits à ouvrir le bal: les fruits et légumes. Après quelques semaines passées dans la fluctuation, ceux-ci ont placé la barre très haut. La pomme de terre qui a connu une sensible baisse durant plusieurs mois, est remontée hier pour atteindre les 40 DA. Le prix varie, toutefois, selon les places car dans certains marchés, le tubercule a été cédé à 60 DA le kg. Les haricots verts, de leur côté, n'ont pas dérogé à leur traditionnel élan d'orgueil. Ces inconditionnels compagnons de la viande rouge s'accrochent au podium. Pas moins de 120 DA le kg. La salade à 50 DA, les piments et la tomate à 50 DA ne risquent pas de garnir les plats d'entrée pour longtemps. C'est la période de déclin de cette production maraîchère. Grande consommatrice d'eau, celle-ci reprendra sa course vers les cimes à la fin du mois d'août. Par contre, très abondant cette année, le roi de la cuisine, l'oignon, semble déchu de sa grandeur. Il est cédé entre 25 DA et 50 DA le kg. Les raisins à 120 DA ne semblent pas être sensibles aux discours prônant la clémence en ce mois sacré comme les pommes d'ailleurs qui se maintiennent en haut avec 80 DA. Par ailleurs, et en d'autres lieux, les prix ne semblent guère s'accommoder aux règles d'usage en cours en ce mois de rédemption. Le boeuf algérien nargue royalement le buffle indien. Il ne semble même pas être impressionné par les clins d'oeil du karbau soudanais. Pas moins de 900 DA pour garnir la cuisine. La viande blanche, quant à elle, même sous la menace du congélateur étatique, ne risque pas de battre de l'aile. Les prix fluctuaient hier entre 250 et 350 DA le kg. Pour sa part, la sardine soulagée par le début de Ramadhan qui a mis fin au tintamarre des estivants dorment dans les fonds marins. Il se fait très rare donc plus cher. Ce week-end, elle était cédée à 250 DA au marché de la ville de Tizi Ouzou. Enfin, certaines conversations dans les marchés mettaient en évidence la nécessité, non seulement de réformer les circuits de distribution, mais aussi d'abandonner certains réflexes pavloviens. Ramadhan signifie abstinence et... laisser les autres tranquilles.