Les travailleurs sont appelés à redoubler d'efforts sous un soleil de plomb et le ventre creux. Le Ramadhan s'est installé à Béjaïa avec des habitudes et comportements qui ont bouleversé l'ordre des choses à telle enseigne que l'on croirait avoir changé de ville. Très peu de monde le matin. Les rues et boulevards ne reprennent leurs couleurs qu'en fin de journée pour devenir grouillante le soir venu. A Béjaïa, l'activité est presque à l'arrêt. On marche peu. On parle peu et surtout on travaille peu. Ce dernier aspect inquiète au plus haut niveau. Beaucoup de projets sont à l'arrêt. Les ouvriers jeûnent et ne peuvent donc pas travailler. C'est d'ailleurs la définition qu'ont de nombreuses personnes du Ramadhan au point de finir par lui coller celle du «mois de la paresse». Pas d'ouvriers, donc pas d'entreprises. Celles qui ont en charge la réalisation d'infrastructures universitaires au campus d'Aboudaou et Targa Ouzemmour, par exemple, sont déjà très en retard. Avec le prétexte du Ramadhan, les auditoriums, les salles de cours ou le restaurant universitaire, qui devront dès la rentrée universitaire prochaine accueillir les étudiants, risquent de ne pas voir le jour. Le wali a émis des doutes récemment. De retour du congé annuel, il s'est rendu sur les lieux pour s'enquérir de la situation. A priori, la rentrée universitaire ne connaîtra pas de perturbation. Mais avec les travaux qui avancent au ralenti durant le mois sacré, le risque subsiste. Destinées à recevoir les nouveaux inscrits, ces infrastructures pédagogiques et d'hébergement traînent et ne seront certainement pas près d'accueillir les 10.000 nouveaux étudiants qui s'ajoutent aux 32.000 présents. Même si lors de la visite, il a été constaté que les entreprises s'affairaient pour livrer les infrastructures promises en septembre, le risque d'un gros retard n'est pas à écarter. Les travaux des cinq auditoriums, deux blocs d'enseignement de 1000 places chacun, un restaurant, un rectorat et un bloc pour la gestion de la pédagogie à Aboudaou et deux amphithéâtres à Targa Ouzemmour, avancent au ralenti. Le respect des délais impartis par les entrepreneurs est impossible à respecter, sachant que tous les chantiers inspectés par le wali cumulent des retards pour des raisons diverses. Le secteur universitaire n'est pas seul à en pâtir de cette situation. Les axes routiers, les réseaux d'alimentation en eau potable, l'électricité et gaz de ville, sont autant de secteurs qui souffrent du retard. L'outil de production qui n'est déjà pas fiable en temps normal, est appelé a redoubler d'efforts en plein été et en plein Ramadhan, c'est-à-dire travailler sous un soleil de plomb avec le ventre creux.