Les employés dans leur quasi-totalité, ont été libérés dans le cadre des congés annuels. «Le même scénario se renouvelle pendant chaque Ramadhan, les citoyens sont pénalisés par des agents de l'administration qui fuient leurs postes de travail dès 12h», a déploré Mohamed, venu demander un extrait d'acte de naissance auprès des services d'état civil de la commune d'Oran. Le cas de ce dernier n'est pas unique. Celui de Abdelkader est édifiant. Se trouvant dans l'urgence pressante de se faire délivrer un document important lui permettant le rapatriement de la dépouille de son frère décédé à Paris, Abdelkader n'a trouvé rien de mieux à faire que de se mettre à la recherche, un peu partout, de l'agent devant parapher le formulaire. Ce dernier est introuvable. Malgré son empressement, Abdelkader ne trouve toujours pas d'interlocuteur étant donné que les indications reçues lui ont faussé les pistes. Dans les guichets, les quelques agents dociles, recrutés dans le cadre du filet social, détournent leur regard de ceux des demandeurs des documents tandis que dans les arrière-bureaux d'autres agents débattent de tous les sujets, dont la popote du Ramadhan, les prix du poulet et les vacances passées dans les villes espagnoles d'Alicante et d'Almeria. Des dizaines, voire des centaines de personnes semblables à Abdelkader et Mohamed, souffrent le calvaire et des conditions imposées, de fait. Les agents de sécurité se démènent tant bien que mal dans leur mission consistant à contenir ce flux humain et la colère des citoyens. Cette situation, qui est devenue une tradition ancrée dans les administrations locales, s'accentue pendant les 30 jours du Ramadhan, mois de toutes les oisivetés. D'autant que la quasi-totalité des employés ont été libérés dans le cadre des congés annuels, le peu qui est resté se livre, comme à accoutumée, à la paresse et la fainéantise renvoyant les tâches quotidiennes aux calendes grecques. En dépit du réaménagement des horaires de travail, aucun changement notable n'est perceptible. Où est donc passé tout le beau monde qui occupait les bureaux? Où est passé le personnel qui a été recruté après que ce dernier ait longuement souffert du chômage? Pourquoi nous font-ils trop attendre avec toute cette chaleur suffocante alors qu'eux se prélassent, enfermés dans leurs bureaux climatisés? Pourquoi toute cette impunité? À qui se plaindre? se demande-t-on. Autant de questions récurrentes qui n'auront jamais de réponse vu la démission des appareils de l'Etat quant à leurs missions: le contrôle et la répression des pratiques bureaucratiques de l'administration locale. Les citoyens, qui ne savent plus à quel saint se vouer, continuent à prendre leur mal en patience tandis que les responsables sont injoignables, laissant les administrations dont ils ont la charge livrées à elles-mêmes. Un désordre total règne dans cette administration aux services décriés par les hauts responsables de l'Etat. Les agents de sécurité, qui essuient les plâtres de leurs supérieurs au moindre relâchement, se mettent, eux aussi, de la partie en s'adonnant à des coups de gueule au moindre empressement des citoyens. Pourtant, dans une missive signée par le wali d'Oran et expédiée le mois de juillet de l'année en cours, les douze délégués des secteurs urbains ont été invités à se maintenir en poste, l'été et le Ramadhan, ne permettant aucun relâchement, exigent la présence et la conjugaison des efforts de tous les responsables des cités, le but étant de préparer le mois de jeûne, de suivre de près l'évolution de la saison estivale, nettoyer la ville, d'autant que les déchets urbains se multiplient pendant chaque Ramadhan et à chaque saison estivale. La mesure annoncée, qui a été classée dans les fonds des tiroirs, a été carrément foulée aux pieds. L'opération «ville morte» est, semble-t-il, décrétée à Oran à l'occasion du mois de Ramadhan.