Israël a rejeté, hier, par avance toute condition que pourrait poser le Quartette pour relancer des négociations directes avec les Palestiniens, notamment sous forme d'un gel de la colonisation en Cisjordanie. «Israël est prêt à des négociations directes immédiates, mais sans aucune condition préalable», a prévenu un haut responsable, qui a requis l'anonymat. Cette déclaration a été faite avant la publication d'un communiqué que le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, l'Union Européenne et l'ONU) doit publier pour convaincre le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de reprendre les discussions directes gelées depuis un an et demi. Les Palestiniens ont aussitôt dénoncé l'attitude israélienne. «L'annonce du gouvernement israélien qu'il rejette d'avance un communiqué du Quartette avant même qu'il soit publié démontre qu'il rejette un processus de paix sérieux», a affirmé Saëb Erakat, le chef négociateur palestinien. Dans ce communiqué le Quartette devrait, selon les médias, appeler Israël à prolonger la période de 10 mois de gel partiel de la colonisation en Cisjordanie qui doit expirer le 26 septembre, tout en fixant une limite de temps, d'un à deux ans, pour parvenir à un accord sur la création d'un Etat palestinien à la suite d'un retrait israélien aux frontières de 1967. «La déclaration du Quartette est une perche tendue aux Palestiniens pour reprendre les négociations sans perdre la face, mais elle n'engage pas Israël», ont affirmé des ministres cités par les médias. A plusieurs reprises, M.Netanyahu a rejeté toute prolongation du gel partiel de la colonisation en Cisjordanie et affirmé que la construction de logements dans les implantations où vivent quelque 300.000 Israéliens allait reprendre fin septembre. Le Premier ministre s'oppose également à un retrait total de Cisjordanie notamment de la vallée du Jourdain, à un démantèlement des grands blocs d'implantations où vivent la majorité des colons ou des concessions sur Jérusalem-Est occupée par Israël. M.Netanyahu estime également qu'aucune limite de temps ne peut être fixée d'avance pour que ces discussions aboutissent. Selon la radio publique, Israël n'acceptera pas l'appel du Quartette à reprendre les négociations directes et attendra une invitation lancée par les Etats-Unis dans des termes «plus équilibrés». Le coup d'envoi de ces discussions directes pourrait avoir lieu la semaine prochaine à Washington ou en Egypte, a ajouté la radio. Les Palestiniens ont de leur côté fait état de «progrès» pour une relance des pourparlers directs avec Israël proposés par le Quartette, a indiqué un porte-parole palestinien, à l'issue d'une réunion dimanche à Ramallah en Cisjordanie avec David Hale, adjoint de l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell. «La position officielle palestinienne (sur les discussions directes) sera rendue publique après le communiqué du Quartette», avait ajouté le porte-parole de la présidence de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina. Les Palestiniens espèrent que le communiqué correspondra à la déclaration publiée par le Quartette le 19 mars à Moscou, appelant Israël à stopper toutes ses activités de colonisation et invitant les deux parties à renouer un dialogue direct en vue de conclure un accord de paix dans les 24 mois. Les Palestiniens ont résisté depuis plusieurs mois aux pressions américaines les invitant à discuter directement avec Israël, arguant que le gouvernement de Benjamin Netanyahu n'a pas sérieusement l'intention de se retirer des territoires palestiniens occupés depuis la guerre des Six Jours en 1967, notamment de Jérusalem-Est, capitale de leur futur Etat.