Le procureur près du tribunal de première instance d'Oran a requis un an de prison ferme contre le directeur général de l'entreprise portuaire d'Oran, accusé de négligence professionnelle dans son exercice en qualité de premier responsable du port. Dans sa plaidoirie, l'avocat général a demandé l'emprisonnement de cinq ans ferme contre le caissier du port d'Oran et le patron de l'entreprise spécialisée dans la fourniture des pare-brise. Le premier a été accusé de dilapidation des deniers publics tandis que le deuxième a été poursuivi pour complicité dans la dilapidation des deniers publics. L'affaire a été mise en délibéré alors que le verdict a été renvoyé à lundi prochain. Les débats, contradictoires et riches, ont été chauds et révélateurs dès l'ouverture, hier matin, du procès. Dans son intervention, l'avocat de la partie civile, le port d'Oran, a demandé une compensation d'un million de dinars en guise de réparation. La même requête, accompagnée d'une demande de restitution du montant dilapidé, a été interjetée par la Société de gestion des ports. De leur côté, les avocats de la défense ont récusé la requête introduite par la Sogéport, argumentant que le préjudice a été subi sur le port d'Oran et non sur la Sogéport en tant qu'entité de gestion. L'affaire porte la griffe d'une corruption inédite qui a lieu dans l'administration du port d'Oran. L'auteur principal est le caissier de l'entreprise, S. Sidi Ahmed Toufik. Ce dernier, qui a été condamné auparavant pour une affaire similaire, établissait, entre juillet et novembre 2009, l'état des paiements des 2500 salariés du port, introduisait au milieu du parapheur, des documents de paiements, dont les versements ont été opérés en trois étapes au profit d'un compte bancaire appartenant au propriétaire d'une entreprise spécialisée dans la fourniture des pare-brise. Le directeur général signait sans se rendre compte de la gabegie. L'affaire a été révélée le mois de mars de l'année en cours à la suite de l'établissement, par le commissaire aux comptes, de l'état annuel des dépenses et recettes du l'entreprise portuaire. Un trou inexpliqué de 700 millions de centimes a été découvert. Alerté, le directeur a aussitôt déposé plainte. L'enquête a mis à nu les tenants et les aboutissants de l'affaire tout en impliquant le plaignant, le directeur général, le caissier de l'entreprise et le propriétaire de l'entreprise spécialisée dans les pare-brise et un autre intermédiaire se trouvant en fuite.