Les cadres du secteur bancaire ne sont plus dans la capacité de le gérer correctement: Bouteflika fera appel aux étrangers. La modernisation du système bancaire et financier doit se poursuivre avec le concours de partenaires dans des fonds mixtes et même, le cas échéant, le recours à l'expertise étrangère à même de participer à l'amélioration de la gestion des banques et établissements financiers publics. C'est la teneur de l'ordre donné avant-hier par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au ministre des Finances Karim Djoudi. Ce dernier était le premier responsable du gouvernement à être reçu dans le cadre des auditions du président organisées chaque Ramadhan. Ce rappel à l'ordre trouve sa genèse dans les performances calamiteuses des banques algériennes. Si le président décide d'appliquer ces consignes, il faut s'attendre à ce que des gestionnaires étrangers occupent des postes importants au sein de ces institutions. A coup sûr, le président est loin d'être satisfait de la méthode de fonctionnement des banques. Avant d'arriver à ces conclusions, le président a écouté l'exposé du ministre ayant fait état de «l'augmentation appréciable du niveau des crédits à l'économie» en 2009. En effet, a-t-il dit, de 2615,5 milliards de DA en 2008, les crédits à l'économie sont passés à 3045,2 milliards de DA en 2009, soit une augmentation de 16,4%. Le ministre continue à aligner d'autres chiffres pour attester de la bonne santé de l'économie nationale. La valeur des importations a enregistré une baisse de 1% en 2009. Les exportations ont reculé de plus de 40% du fait d'un recul équivalent enregistré par le prix des hydrocarbures. Le président et le ministre se sont félicités du fait que malgré le choc externe induit par la crise financière et économique internationale à travers le comportement du prix du baril de pétrole brut sur le marché mondial, la balance des paiements a affiché un solde des paiements courants de 520 millions de dollars US pour l'année 2009. Dans ce contexte, les réserves de change étaient de 147,2 milliards de dollars US à la fin de la même année 2009. Durant la même audition, d'autres sujets ont été évoqués. C'est le cas pour le programme d'action de l'Administration des domaines visant le parachèvement des opérations d'établissement du cadastre général pour l'ensemble du territoire national ainsi que le soutien et l'accompagnement des opérations d'envergure nationale prévues par le programme quinquennal 2010-2014. Les Douanes sont aussi sous la tutelle du ministre, ce qui le conduit à évoquer leur modernisation. A l'issue du débat consacré à ce dossier, le président de la République a relevé quelques satisfactions. Il indique que grâce à la mise sur pied du Fonds de régulation des recettes, le paiement anticipé de la dette extérieure et le renoncement à tout emprunt de l'étranger, l'Algérie a pu faire face aux effets des crises financière et économique mondiales. Le chef de l'Etat a, cependant, relevé que cette situation invite à la prudence et à l'action prospective. Le chef de l'Etat a rappelé que la conduite du programme quinquennal d'investissements 2010-2014 fera l'objet d'une évaluation annuelle pour tenir compte de la situation de nos finances publiques. Il a également ordonné au gouvernement de veiller, grâce à l'ensemble des mesures arrêtées en matière de dépenses publiques, à prévenir les réévaluations coûteuses des projets et à prohiber toutes formes de gaspillage. D'autres instructions sont données par le président pour dynamiser la diversification de la production économique du pays pour réduire la dépendance nationale excessive envers les hydrocarbures. C'est dans ce contexte que le président de la République a relevé les mesures mises en place pour encourager et soutenir les entreprises nationales publiques et privées. Ce dossier pousse le président à revenir sur les instructions données par le gouvernement pour dynamiser l'accès des entreprises au financement par les banques et le marché financier. Il insiste sur la transparence et le respect des critères universels.