Le Pakistan a indiqué avoir reçu 300 millions d'euros d'aide internationale pour secourir les millions de victimes des inondations, mais ces dons tardaient à se matérialiser sur le terrain, où les sinistrés continuaient de critiquer l'attitude du gouvernement. Les flots nourris par les pluies torrentielles de la mousson ont affecté près de 20 millions de personnes et tué au moins 1400 personnes selon le gouvernement. Un cinquième du pays a été touché par cette catastrophe, la pire de l'histoire du pays, qui a balayé des villages entiers. La communauté internationale continuait de répondre à l'appel de fonds de 460 millions de dollars lancé la semaine dernière par l'ONU pour éviter une «seconde vague de morts» parmi les victimes, menacées par les épidémies. La Commission européenne a ainsi porté son aide au Pakistan de 40 à 70 millions d'euros, a annoncé hier la commissaire européenne chargée de l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva, qui se rendra sur place le 23 août. L'ONU a indiqué, hier, que le Pakistan avait désormais reçu l'équivalent de 45% du montant total de l'appel de fonds. L'ambassadeur du Pakistan auprès des Nations Unies à Genève, Zamir Akram, a lui précisé que son pays avait jusqu'ici reçu 301 millions de dollars (235 millions d'euros) d'aide à la fois multilatérale, via l'ONU, et bilatérale. Les agences d'aide avaient ces derniers jours souligné qu'elles peinaient à rassembler l'argent nécessaire pour secourir d'urgence les six millions de sinistrés les plus vulnérables, dont de nombreux femmes et enfants. La Grande-Bretagne avait déploré lundi le montant «misérable» réuni jusque là, une situation que les experts expliquent par le «déficit d'image» du Pakistan, pays souvent associé au terrorisme, et que les donateurs s'étaient déjà mobilisés après le tremblement de terre à Haïti en janvier dernier. Dimanche, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'était rendu lui-même sur les zones sinistrées et avait appelé la communauté internationale à «accélérer son aide au peuple pakistanais». Plusieurs pays dont le Japon, l'Australie, la Turquie et l'Arabie saoudite avaient ensuite annoncé de l'aide supplémentaire pour le Pakistan. Le président pakistanais Asif Ali Zardari, déjà critiqué pour ne pas avoir interrompu une tournée en Europe au plus fort des inondations, se trouvait en Russie hier pour un sommet régional avec ses homologues afghan, tadjik et russe consacré à la situation en Afghanistan. M.Zardari y a estimé que son pays sortirait à terme «renforcé» de cette catastrophe naturelle. Mardi, il avait déclaré qu'il faudrait des années à son pays pour se remettre de «la plus grande calamité de l'histoire du monde». Du nord-ouest au Sind (sud) en passant par le Pendjab (centre), des millions de déplacés campent dans des villages et abris de fortune le long des routes, dénonçant pour beaucoup l'attitude jugée attentiste du gouvernement. De nouvelles manifestations ont eu lieu hier entre Islamabad et Peshawar (nord-ouest), où plusieurs centaines de personnes ont bloqué des routes en réclamant davantage d'aide face aux inondations qui ont balayé leur villages. A Islamabad, un haut représentant de l'OMS, Guido Sabatinelli, avait déclaré mardi que le nombre des morts serait «dans tous les cas bien plus élevé» que les quelque 1400 recensés par le gouvernement.