Il est en effet très difficile aujourd'hui de prétendre qu'un projet aussi sérieux passera comme une lettre à la poste. Plus de quarante ans après son Indépendance, l'Algérie s'apprête à entrer dans le vaste et exigeant monde footballistique dit professionnel, dès le 24 septembre prochain. Une première dans notre pays, qui concernera pas moins de 32 clubs érigés depuis peu en sociétés par actions (SPA). Les dés sont bel et bien jetés cette fois, et à l'occasion de la conférence de presse animée avant-hier pour la circonstance, par le président Mohamed Raouraoua, et le responsable à la tête de la Ligue nationale de football, en l'occurrence Mohamed Mecherara, le président de la FAF a été très explicite à l'égard des clubs concernés. En effet, tout au long de son intervention, il a insisté sur le fait important que les clubs qui animeront dès la fin du mois prochain le premier Championnat national de football dit professionnel, seront dorénavant, tenus de répondre à toutes les exigences contenues dans le nouveau cahier des charges. Dans le cas contraire, les clubs de football qui seront dans l'incapacité de respecter les nouvelles normes propres au football professionnel, seront tout simplement «versés» dans la seconde division habituellement animée par les formations dites amateures. En d'autres termes, les 32 équipes qui évolueront dès cette nouvelle saison 2010-2011 en D1 et en Ligue 2, subiront un premier sérieux test en la matière. Et selon M.Raouraoua, c'est au terme de la prochaine saison footballistique que les choses sérieuses commenceront réellement, et rien ne dit que 32 clubs sur les 36 postulants examinés dernièrement par la FAF, seront partants pour la saison footballistique 2011- 2012. Et pour cause, bien que la mise en place d'un championnat de football dit professionnel est aujourd'hui acquise, et totalement «approuvée» et soutenue concrètement dans un premier temps par l'Etat, il n'en demeure pas moins que du côté de l'ensemble des 32 nouveaux pensionnaires de D1 et de Ligue 2, tout reste à faire en réalité. Il est en effet très difficile aujourd'hui de pretendre qu'un projet aussi sérieux passera comme une lettre à la poste, car la plupart des clubs concernés vont devoir «s'impliquer» à l'avenir en tant qu'entreprises privées nouvellement créées, et non de continuer à fonctionner comme de simples clubs de football amateurs. La voie du professionnalisme Le fait d'avoir choisi «volontairement» la voie du professionnalisme en s'érigeant en SPA, n'est pas une fin en soi, selon le président de la FAF, mais plutôt une arme à double tranchant pour tous ces clubs. Preuve en est qu'un club comme le NAHD ne pourra plus jouer dans le stade Zioui, vu que ce dernier ne répond plus aujourd'hui aux normes requises, sur le plan de ses capacités d'accueil du public. Dorénavant, un stade de football qui ne peut pas «accueillir» pas moins de dix mille spectateurs, «pénalisera» directement le club «domicilié» par le passé à son niveau. Pis, le club en question tenu dorénavant de suivre à la lettre toutes les conditions contenues dans le cahier des charges, risque tout simplement de ne pas figurer parmi les formations qui entameront le championnat professionnel, en septembre 2011. D'ailleurs, les clubs de l'AS Khroub et de l'USM El Harrach, sociétaires de la D1, ont été officiellement «mis en demeure», via leurs APC respectives, d'augmenter au plus vite les capacités d'accueil de leurs stades de football. Dans le cas contraire, ces deux formations érigées récemment en clubs privés, ne seront pas autorisées à évoluer en championnat dit professionnel. Les 32 nouveaux pensionnaires de D1 et de Ligue 2 doivent aussi posséder un centre de formation qu'ils sont tenus de construire sur les 20.000 hectares que l'Etat a décidé de leur concéder à un prix symbolique. Toutefois, une importante première mise en garde à l'égard des clubs a été adressée avant-hier par le président Raouraoua, au sujet des sanctions prévues à l'avenir pour tout club privé qui serait tenté de ne pas déclarer officiellement tout joueur recruté, comment étant un véritable salarié appartenant à une entreprise privée. Sur ce dernier point, Raouraoua a été clair: tous les trois mois, l'administration du club devra fournir à la future Ligue professionnelle de football, les déclarations de cotisations à la Caisse des assurances sociales de tous les joueurs. Faute de quoi, le club subira une défalcation de points en cours de saison, avant d'être rétrogradé en division inférieure dite amateur. Toujours au registre des sanctions, la future ligue professionnelle de football, aura à son niveau une commission de discipline complètement indépendante, composée de juristes n'ayant aucun lien direct avec le monde du football. Une nouvelle commission qui fonctionnera à l'avenir selon les statuts actuels de la FIFA. Les barèmes de sanctions actuels, seront donc remplacés par un autre système de sanctions, comme celui appliqué en France par exemple. Un syndicat national des joueurs professionnels verra le jour prochainement, puisque Mohamed Raouraoua a chargé Ali Fergani, en sa qualité de membre du bureau fédéral, de la création de cette structure ayant pour objectif important de défendre les droits et les intérêts de tout footballeur professionnel. Des clubs érigés en SPA Quant aux nouveaux présidents des clubs érigés en SPA, ces derniers seront obligatoirement tenus de laisser le capital de l'entreprise privée à tout actionnaire, comme cela est clairement stipulé par la législation. En clair, cette saison 2010-2011 qui débute le 24 septembre prochain, constituera sans aucun doute une sérieuse et très importante mise à l'essai des 32 nouveaux pensionnaires du premier championnat dit professionnel en Algérie, et que la FIFA entérinera officiellement dans une année. Mais d'ici là, beaucoup de clubs vont devoir rapidement se mettre en conformité avec un nouveau mode de gestion souvent sans concession envers les moins nantis en la matière, et qui s'auto-sanctionneront au sein de l'exigeant et sélectif «monde du privé».