Les instructions annoncées par le ministre avant le début du mois sacré sont piétinées au vu et au su de tout le monde. Qui contrôle les mosquées en Algérie? Une question qui revient et qui préoccupe les citoyens durant cette première décade du mois sacré. Et pour cause, le ministère des Affaires religieuses se trouve dans l'incapacité de faire respecter par les imams les mesures annoncées avant le début de Ramadhan par le premier responsable du secteur M.Bouabdallah Ghlamallah, en vue de mettre fin à l'anarchie régnant dans les mosquées. La première instruction bafouée concerne l'interdiction d'utilisation des haut-parleurs à l'extérieur des mosquées pendant la prière de Tarawih. Cette mesure qui consiste à utiliser une sono uniquement à l'intérieur, selon le ministre «va dans le sens du respect du Coran et la préservation de ses valeurs». Par ailleurs, il a été demandé aux imams de modérer le son et le volume de la sonorisation lors de l'appel à la prière. Première conclusion qu'on peut tirer après une tournée à travers plusieurs mosquées de la capitale durant la prière de tarawih: la quasi-majorité des mosquées ne respectent pas cette restriction. Les citoyens peuvent donc entendre la prière à partir de chez eux. En outre, au vu et au su de tout le monde, les haut-parleurs sont placés à l'extérieur afin, dit-on, de permettre à l'ensemble des fidèles de suivre la récitation du Coran. Toujours en ce qui concerne le tarawih, le temps réservé à cette prière a été revu à la baisse. Il est situé autour de 40mn au lieu de deux heures, en moyenne, que prenait ce rite. Cet allègement devait réduire le texte à réciter au huitième de hizb au lieu du quart récité auparavant. Cette deuxième mesure annoncée par le ministre est restée un voeu pieux. La prière dure plus de deux heures, elle est prolongée jusqu'à 23h00 dans certaines mosquées. Certains imams font même un prêche «une leçon» edarss de 30 minutes après la prière d'El Icha. Si le ministère des Affaires religieuses est incapable de faire respecter ces deux mesures techniques, comment serait-il en mesure de gérer l'essentiel? C'est-à-dire les discours et les prêches prononcés par les imams. L'Expression a posé la question à Adha Felahi, conseiller du ministre. Il fera cet aveu: «Nous ne pouvons pas contrôler toutes les mosquées qui existent sur le territoire national. Nous sommes conscients des dépassements, nous recevons quotidiennement des rapports de nos services. Mais nous sommes incapables de jouer au policier, nous n'en avons pas les moyens.» Felahi estime que le département du ministère des Affaires religieuses doit doubler son effectif: «Contrôler 150.000 mosquées n'est pas une chose aisée», reconnaît-il. Notre interlocuteur soulève aussi l'épineuse question des associations caritatives qui activent au sein des mosquées. Et là aussi, beaucoup de choses restent à faire, selon lui. «Certaines d'entre elles activent sans agrément, d'autres tentent de prendre les prérogatives de l'imam», précise-t-il. Cette interférence dans les rôles est souvent source de problèmes. Rappelons que le ministre des Affaires religieuses a plaidé pour une gestion uniformisée des mosquées laquelle pourra garantir la même influence (qu'elles sont censées exercer) chez les fidèles. «La gestion des mosquées ne pourra être uniforme si la vision des uns et des autres diverge», a-t-il déclaré lors d'une récente déclaration. Il ajoutera que l'uniformisation de la gestion des mosquées influe sur l'unité nationale. Tout en indiquant que l'Islam en Algérie est «authentique», M.Ghlamallah a, par ailleurs, mis en garde contre «certaines tendances» qui préconisent le recours à des courants étrangers à la culture et à l'identité de l'Algérien. «Nous avons en Algérie des oulémas et des exégètes qui ont abordé divers domaines. C'est de ceux-là qu'il faut vous inspirer», a-t-il lancé à l'adresse des étudiants de l'école coranique. Un long chemin reste à faire avant de réaliser ces objectifs.