Un projet de loi, en préparation, interdit également aux imams de prononcer des prêches relatifs aux élections législatives. Les imams seront interdits de toute activité partisane. La décision est prise par le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs, au terme du projet de loi relatif à la fonction de l'imam. Ce projet de loi, en préparation, interdit également aux imams de prononcer des prêches relatifs aux élections législatives, du 17 mai 2007. Il est de même exclu qu'ils se rallient à un quelconque parti politique. En effet, pour un imam, ayant embrassé une organisation ou un mouvement politique, il lui est impossible de séparer entre son travail à la mosquée, qui consiste en la sensibilisation de la société quant aux maux qu'elle rencontre d'un côté et son travail de militant de l'autre, sans pour autant tomber dans la confusion. Il faut dire dans ce contexte que les mosquées sont des lieux hautement fréquentés par toutes les couches de la société. L'imam détient dans ses mains un pouvoir inestimable, notamment celui de haranguer les foules. «Les imams doivent choisir entre leur travail au sein des mosquées et l'activité partisane», a indiqué le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, M.Bouabdallah Ghlamallah, dans un entretien paru hier dans le quotidien arabophone, Al Khabar. Une sorte de laïcité qui ne dit pas son nom, mais qui est une réalité dans la société algérienne, où les frontières entre le sacré et le profane sont clairement balisées. Le ministre souligne, en outre, que «l'imam appartient à toute la société, il n'a de ce fait aucun droit de favoriser un groupe sur un autre et que tout imam voulant embrasser une carrière politique, n'a qu'à quitter ses fonctions car la mosquée est un lieu sacré. Il ne faut pas le souiller». Selon toute vraisemblance, la tutelle veut vaille, que vaille, (re) donner à la mosquée sa vraie place dans la société, c'est-à-dire un lieu consacré à la religion et aux affaires qui touchent la collectivité. Ainsi, les autorités souhaitent redorer le blason de l'Islam. Ils veulent doter cette religion d'un visage moderne, loin de toutes ces idées archaïques qu'on ne cesse de lui imputer. Il faut rappeler, en passant, que les collectes d'argent réalisées par la tutelle dans le cadre du Fonds national de la zakat, ont servi à la création de petites entreprises. Dans ce cadre, en l'espace de quatre ans, soit depuis 2003, plus de 200 milliards de centimes ont été collectés. Quelque 1280 commerces ou entreprises artisanales ont été crées. Quelque 200 petites entreprises seront créées dans ce cadre pendant l'année en cours. Une initiative qui n'a pas manqué de susciter un mécontentement de certains groupes extrémistes, qui à l'occasion du mois de Ramadhan dernier, sillonnaient les quartiers pour convaincre les citoyens de ne pas verser leur zakat au fonds du ministère des Affaires religieuses, et que l'utilisation de ce fonds pour créer des micro-entreprises n'est pas prévue dans la Charia. Par ailleurs, les imams abordent de plus en plus des thèmes en rapport avec les préoccupations des citoyens. Loin, sont ces années «sombres» pendant lesquelles les mosquées servaient de tribunes privilégiées aux partis politiques d'obédience islamique, pour expliquer leurs programmes. La fetwa du département de M.Ghlamallah jugeant illicite l'émigration clandestine, au péril de la vie des jeunes «aventuriers» est l'un des aspects de la nouvelle conception de la religion musulmane. Le ministre de tutelle souligne que le projet de loi, interdisant aux imams de verser dans des activités partisanes, il l'a proposé en 1990, alors qu'il occupait la fonction de conseiller au sein du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs. A l'époque, l'extrémisme religieux, qui plongera l'Algérie dans une décennie des plus terribles, battait son plein. Avec ces nouvelles instructions, le ministère des Affaires religieuses vient de donner le vrai sens à la fonction de l'imam et son rôle dans sa société.