De nombreuses entraves au développement de la société, y compris les soupçons de corruption agacent M.Bouterfa. Le président-directeur général de Sonelgaz, Noureddine Boutarfa, a fustigé les walis et les chefs de daïra qui n'osent plus faire appel à la force publique pour exécuter les décisions de justice en faveur de la société. Cette entrave figure parmi les causes des retards enregistrés dans le démarrage des ouvrage achevés de distribution d'électricité et dans le lancement des travaux de ceux qui sont prévus. Ces déclarations, censées constituer une réponse aux diverses critiques dont la société et ses filiales ont été la cible, ont été faites par le premier responsable de Sonelgaz lors d'une rencontre avec la presse dans la soirée de jeudi dernier au siège de l'entreprise à Alger. De nombreuses autres entraves au développement de la société, y compris les soupçons de corruption, font dire à Boutarfa qu'il n'est pas facile d'être gestionnaire d'une entreprise publique. Il insiste sur le terme de gestion, pour mettre en exergue que l'actionnaire, et donc le propriétaire demeure l'Etat. Ce n'est pas la première fois qu'un gestionnaire d'entreprise publique fait état de ces difficultés: le président-directeur général d'Air Algérie, ayant eu recours au même procédé. C'est donc dans le contexte de malaise croissant chez les gestionnaires qu'il faut placer la sortie médiatique de Boutarfa. Les walis, les chefs de daïra et les P/APC ne sont pas les seuls à être montrés du doigt. Le propriétaire de la société ne permet pas au gestionnaire d'avoir les coudées franches pour implanter les centrales électriques, les postes de distribution et les pylônes là où la nécessité l'impose. La société est dans l'obligation légale de solliciter des autorisation et d'attendre des décrets d'expropriation qui ne viennent qu'au compte-gouttes alors que les demandes augmentent sans cesse. Pour régler le problème des infrastructures, Boutarfa propose de transférer cette tâche aux communes car ce sont elles qui décident de l'utilisation de l'espace public. Il précise que le problème de gestion de la distribution ne se pose pas que pour l'électricité puisque la même situation est vécue dans le secteur de la distribution de l'eau. A la différence que pour ce dernier cas, l'appel a été fait à des étrangers pour une meilleure fluidité. Cette solution sera-t-elle un jour envisagée par le gouvernement? Pour l'instant, ce dernier peut faire appel à des privés locaux car les sociétés de distribution d'électricité ne sont liées avec l'Etat que par un contrat de 5 ans. Tous ces arguments ne sont pas faits pour conduire Boutarfa à nier les imperfections dans l'alimentation en électricité des foyers et des sites industriels. Mais il pense que ce n'est pas suffisant pour faire un procès en règle à la société. Un quartier de 200 foyers sans électricité pendant une heure, est-ce une information qui mérite de figurer en manchette de quotidiens nationaux? s'interroge le conférencier. Et de préciser qu'il faut relativiser en liant ce chiffre à 6 millions d'abonnés. En réalité, entre 1000 et 3000 foyers subissent, chaque jour une coupure d'électricité, avec la précision que ce ne sont pas les mêmes foyers tous les jours. Certains le sont pendant trois heures. Si ces coupures se répètent, à ce moment-là, «on est face à un problème structurel», a dit le même responsable. Pour preuve du respect du consommateur, il cite le fait que même les opérations d'entretien ont été interrompues pendant la compétition de la Coupe du Monde pour assurer un confort au citoyen qui regarde sa télé. Mais les coupures programmées pour entretien, y compris celui des centrales électriques, est un impératif. «Il n'y a pas de zéro coupure», assène Boutarfa. Il cite aussi les aléas climatiques et les actes malveillants qui causent des perturbations du réseau. A quoi s'ajoutent les défaillances des installations intérieures des foyers et des usines qui causent des coupures. Qu'est-ce qui empêche les industriels d'investir dans ces installations ou de demander des alimentations sécurisées? s'interroge-t-il. Cette remarque s'adresse également aux boulangers, à la Seaal. Même le ministre Sellal avait affirmé que la facture d'eau augmenterait à cause de Sonelgaz. Rien n'empêche, non plus, les privés de se doter de groupes électrogènes, dit-il, pour assurer une disponibilité ininterrompue du courant électrique. Sans arriver à cet extrême, Boutarfa assure que ni lui ni ses employés ne sont avares en efforts pour fournir 7718 mégawatts par heure au consommateur contre 7280 mégawatts l'année dernière. Le tout à 3,80 DA le kilowatt/heure. A propos de prix, en principe, dit Boutarfa, l'entreprise n'a même pas besoin de demander une hausse des tarifs puisque les paramètres de coût de production sont disponibles chez l'Etat, apte à opter pour une politique sociale et de protection du pouvoir d'achat mais pas au détriment de Sonelgaz, laisse encore entendre le même responsable. Il se plaint de ne pas avoir les mains libres pour combiner à la fois les intérêts des consommateurs et du propriétaire. Malgré ces freins, il avance un argument massue pour répondre à ses détracteurs: il n'y a plus de délestage comme par le passé. Autre nouveauté: la consommation atteint son pic au Ramadhan comme lors du 24 août dernier. Avec 7718 mégawatts, le soir. En 2009, la pointe était établie le 27 juillet à 7280 MW. Le président-directeur général de Sonelgaz a aussi évoqué les oppositions des citoyens au projet d'installation des canalisations de distribution de gaz de ville et au droit de passage qui se multiplient à tel point qu'il menace de mettre fin aux travaux qui n'ont avancé que de 30%. «On réalise un mètre par mois», a conclu ce responsable.