Alors que l'étau se resserre sur les islamistes algériens réfugiés en Europe, l'un deux, Mourad D'hina, recherché pour «appartenance à un groupe terroriste» réfugié en Suisse, a expédié un message de condoléances au département d'Etat américain. Celui qu'on surnomme «Abou Walid» ou encore «l'émir Amar» qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt international depuis le 15 janvier 1996 pour « tentative d'assassinat, complicité, destruction et non-dénonciation de crime » lancé par la justice algérienne, a envoyé un message de condoléances au nom du FIS dissous à l'administration américaine en indiquant que «le FIS condamne ces actes terroristes qui ont ciblé des citoyens innocents» et exprimant «sa sympathie pour le peuple américain dans cette tragédie». Si cette réaction n'est pas surprenante dans la mesure où les membres de l'internationale islamiste, à travers le monde, multiplient les signaux à l'égard de Washington pour se disculper d'une quelconque implication par crainte de représailles américaines, elle dénote un certain paradoxe. En effet, Mourad D'hina, impliqué dans un large trafic d'armes en Europe qui avait ses ramifications en Allemagne, là où l'enquête du FBI est en train de se focaliser actuellement, est considéré, selon la justice algérienne, comme un des cerveaux du terrorisme intégriste et un des porte-voix du GIA à l'étranger. D'hina, qui n'a jamais exprimé aucun regret ou manifesté aucune sympathie pour les victimes du drame algérien auquel son organisation a largement contribué, est toujours réfugié à Genève où il poursuit ses activités subversives. Ce paradoxe venant de l'un des commanditaires du terrorisme en Algérie qui a été condamné par contumace à 20 années de prison ferme a, toutefois, suscité des réactions indignées des membres d'une association internationale (Action mondiale contre le fascisme et l'intégrisme). Cette ONG récemment créée par des expatriés algériens et des militants antiracistes en Europe «traque» les «criminels islamistes» là où ils se trouvent et tente de sensibiliser l'opinion publique européenne contre le double jeu des dirigeants islamistes algériens à l'étranger qui profitent de l'hospitalité des capitales européennes. L'Amcfi semble adopter la même stratégie qui a permis aux victimes de l'holocauste de poursuivre et de juger les criminels nazis à travers le monde pour les atrocités contre les juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Mourad D'hina n'est pas le seul à être inquiété par l'activité de cette ONG qui, jusqu'à récemment, n'avait rencontré que peu d'échos auprès des politiques européens. La radicalisation des Etats européens suite aux attentats contre les Etats-Unis a ouvert une autre perspective aux militants de l'Amcfi pour dénoncer le refuge accordé aux islamistes en Europe. L'ensemble du réseau de Mourad D'hina est dans le collimateur des services de renseignement européens dont Bentafat Redouane, alias Abou Merouane, un trafiquant d'armes du GIA, Ouchene Rachid, un imprimeur en Suisse, gérant de la maison d'édition Hoggar Print qui a été soupçonné d'être une plaque tournante du trafic d'explosif en direction du GIA en 1995, Brahimi Mohamed, alias «Mustapha», arrêté en Algérie et actuellement en fuite en Europe, Bendahou Mohamed, alias «Abou Doujana», un des émirs du GIA qui s'était réfugié à Londres, Abbes Aroua, un Batnéen de 39 ans qui est un des apologistes du terrorisme en Algérie ainsi que Habes Mustapha, alias «Bachir» connu dans les milieux islamistes en Europe comme un des financiers du mouvement intégriste en Algérie. Ce réseau, déjà suspecté dans plusieurs affaires terroristes, continue de bénéficier de la « protection » tacite de certains gouvernements européens. Ce sera dorénavant compter avec la pression qu'exerce Washington pour mettre fin à l'existence de tels réseaux en Europe essentiellement en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, aux Pays-Bas et en Belgique où se trouve le noyau dur du mouvement islamiste algérien.