Les instigateurs ont mûri ce projet dans la discrétion totale comme le prouvent leurs démarches administratives et techniques. «Le moins que l'on puisse dire est que la wilaya d'Oran est en train d'enterrer, à petites doses, son histoire en détournant tous les monuments historiques ayant marqué la ville d'Oran pendant de longues années», se sont résignés à dire plusieurs dizaines d'Oranais ahuris par la série des transformations opérées sur plusieurs sites historiques. La dernière en date? Les pouvoirs locaux s'apprêtent à transformer l'ancienne préfecture d'Oran en musée maritime. Les instigateurs ont mûri ce projet dans la discrétion totale comme le prouvent leurs démarches administratives et techniques. La fiche technique du chantier établie, les travaux seront entamés dans moins d'un mois tandis que la réception définitive du projet est prévue dans huit mois. La structure sera, quelque peu, liftée sans pour autant toucher à ses soubassements ni à son architecture initiale. Un bureau d'études a été désigné à cet effet et qui doit tenir compte des aspects historiques de l'architecture de la bâtisse. Le choix porté sur l'ancienne préfecture aurait été motivé par sa situation en plein milieu du quartier historique et populaire de Sidi El Houari lequel regorge tant d'autres sites que de milliers d'histoires. Mais la raison principale serait, en fait, la superficie avantageuse. Aussi, le musée maritime propose de présenter aux érudits de l'histoire, la vocation maritime d'Oran et de sa région. Mais c'est dire aussi que les agressions contre l'histoire se répètent au détriment de l'histoire d'Ihrane où ont cohabité, pendant de longs siècles, plusieurs cultures, religions et traditions. En effet, après avoir transformé l'hôtel, qui a abrité Napoléon III, lors de sa brève visite effectuée à Oran à la fin du XIXe siècle, en locaux relevant de l'Opgi, la construction du Châteauneuf en plein milieu de la cour du Palais du Bey durant les années 1986, c'est au tour maintenant de l'ancienne préfecture d'Oran de subir le même sort. Les atteintes portées au Palais du Bey ont pour nom la promotion du tourisme. En voulant fort probablement joindre l'utile à l'agréable, le Palais du Bey a subi des dégâts irréversibles. A la suite des grands travaux lancés, les murs du Palais ont été fissurés tandis que plusieurs tunnels souterrains ont été obstrués par le béton. Selon certaines indiscrétions, le pire des dégâts aurait été envisagé sur la maquette initiale, la démolition du Palais pour laisser place à la construction d'une grande piscine et un grand parking automobile. L'intervention, à temps, de la société civile, qui a dénoncé le massacre subi par le site et le choc pétrolier de la fin des années 1980, ont freiné le projet laissant la masse de béton dominer le Palais. Transformé en lieu de débauche, l'hôtel Châteauneuf a constitué un éternel casse-tête des pouvoirs hiérarchiques avant qu'il ne soit concédé, tout récemment, à la municipalité d'Oran. Quelques années auparavant, d'autres projets, dits d'intérêt public, ont été dressés sur des sites devant être classés patrimoine mondial. Le cas des Andalouses est révélateur de «la plus grande bêtise humaine subie par l'histoire». Un cimetière punique a été sacrifié pour mettre en place un complexe touristique. Aux Andalouses, les découvertes sont faciles. Il suffit de procéder à de petites fouilles pour faire ressurgir aussitôt tant de vestiges. Idem pour le port romain de «Portus Magnus» dans la commune de Bethioua. Une bonne partie de ce dernier a été détournée pour laisser place à la zone industrielle.