La démocratie et les officiers poursuivis par la justice sont défendus par le patron de l'armée. Le nouveau chef de l'armée turque, le général Isik Kosaner, a affirmé son attachement à la démocratie en prenant officiellement ses fonctions à la tête d'une puissante institution mise à mal par des accusations de complots contre le gouvernement islamo-conservateur. Les forces armées sont et resteront attachées à la démocratie et à l'Etat de droit, a dit le général âgé de 65 ans qui dirigeait jusqu'alors l'armée de terre et qui succède au général Ilker Basbug. Ce dernier a, pendant son mandat de deux ans, été submergé par une série d'affaires visant des militaires. Le général Kosaner a promis de mettre à l'écart ceux qui seraient impliqués dans des actions criminelles, tout en soulignant que la justice devait d'abord se prononcer sur des faits avérés de culpabilité et en appelant les autorités à ne pas agir seulement sur des soupçons. Depuis 2007, dans le cadre d'une série d'affaires, une centaine d'officiers, dont des généraux et amiraux en service, sont actuellement poursuivis par la justice pour leur participation supposée à un projet de coup d'Etat visant à renverser le gouvernement au pouvoir issu de la mouvance islamiste. D'anciens officiers sont par ailleurs incarcérés avec un groupe d'autres détenus provenant notamment des milieux nationalistes et accusés eux aussi de vouloir renverser le Parti de la justice et du développement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Le général Kosaner, issu des forces spéciales, l'élite de l'armée turque, a dénoncé une campagne psychologique de dénigrement d'une partie de la presse visant l'armée ayant pour but de la discréditer aux yeux de l'opinion publique. Autre défi auquel doit faire face le général Kosaner: la professionnalisation de l'armée turque qui lutte depuis 1984 contre les rebelles kurdes autonomistes dans le sud-est du pays. Sur ce point, le nouveau commandant a souligné que l'armée de métier n'était pas pour demain en Turquie, qui dispose de la deuxième plus grande armée de l'Otan en termes d'effectifs, derrière celle des Etats-Unis, en dépit de certains efforts de professionnalisation des troupes luttant contre les séparatistes.