Le conflit opposant les expropriés du barrage de Souk N'Tleta à la direction des domaines et de l'hydraulique couve toujours depuis trois décennies. Pis, l'absence de volonté à trouver une solution définitive donne lieu à des actions de violence sporadiques. Hier, dans une déclaration rendue publique, l'association des propriétaires des terres concernées accusait le directeur de l'hydraulique de manoeuvres et de tentatives de diviser ses membres. La même missive, également adressée au ministre des Ressources en eau, considère que la direction des domaines ne prend pas au sérieux ce problème qui dure pourtant depuis trente ans. L'histoire remonte, en effet, à 1984 lorsque les autorités ont décidé de construire un barrage sur ces terres. Les décisions d'expropriation ont été arrêtées et le montant des indemnisations fixé. Mais, les travaux n'ont pas débuté jusqu'à présent. Bloquées par cette décision, les populations ne peuvent bénéficier d'aucun projet de bien public comme les routes, les écoles et les centres de santé. Aujourd'hui, plusieurs problèmes se posent aux familles concernées qui réclament la fin de la procédure pour leur permettre de toucher enfin les indemnisations et bénéficier des opérations de relogement. Ce sont donc ces deux points qui sont à l'origine de cette situation conflictuelle. Le blocage réside dans le désaccord né autour des prix fixés pour les indemnisations. Alors que les pouvoirs publics maintiennent encore les prix décidés depuis 1984, les familles réclament une revalorisation et l'alignement de ces derniers à ceux pratiqués maintenant. Aussi, ces familles s'interrogent sur les raisons qui empêchent les responsables cités de trouver une issue qui arrange toutes les parties. Ce blocage se trouve être à l'origine d'une colère qui couve au sein de la population. L'année dernière déjà, la RN12 reliant la wilaya de Tizi Ouzou à la capitale a été fermée à la circulation par la population. L'action s'était étendue jusqu'à la fermeture du siège de la mairie et de la daïra. De son côté, le directeur de l'hydraulique, joint au téléphone, tenait à rassurer tous les expropriés que leurs droits sont pris en charge par les pouvoirs publics. Selon notre interlocuteur, l'association ne représente pas tous les concernés, car l'expropriation concerne des familles de cinq communes. Les pouvoirs publics, ajoute-t-il, sont en contact permanent avec les concernés et un terrain d'entente a été trouvé avec ces derniers ainsi que les cinq maires. Les travaux sont sur le point de commencer. Les populations, conclut-il, ne seront que bénéficiaires de cette alimentation en eau potable. En effet, la véritable solution se trouve dans la volonté des deux parties à dépasser les différends. La question de l'eau est d'une telle importance pour l'avenir qu'il n'est permis à personne de refuser des concessions. Les quelques dinars à rajouter comme rallonge au montant des indemnisations ne sont pas contraignants tant pour les pouvoirs publics que pour les expropriés au regard du rôle vital de ce barrage. Car, l'eau c'est la vie. Et, traîner dans ce conflit signifie jouer avec la vie. La responsabilité des deux parties se trouve directement engagée. L'avenir des futures générations est en jeu.