«Les chefs d'entreprise françaises sont décidés. Ils ne vont pas faire seulement du commerce, mais du partenariat et des investissements.» «Nous prenons acte, nous vous attendons». C'est par ces mots que le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a cloturé hier son discours d'ouverture des rencontres franco-algériennes des chefs d'entreprises initiées en Algérie par le Medef, groupement des patrons et des chefs d'entreprises françaises, dans le cadre de la relance et de l'impulsion de la coopération entre la France et l'Algérie. Auparavant, le chef de l'Etat avait dressé le cheminement et l'évolution du processus de coopération bilatérale depuis sa visite dans la capitale française en juin 2000, insistant au passage, sur la structure des échanges commerciaux entre les deux pays, les potentialités humaines et matérielles des uns et des autres, et surtout la volonté politique des deux parties de conduire cette dynamique à son terme. Fait significatif, si les patrons et chefs d'entreprises françaises sont venues en masse à ce séminaire (plus d'une centaine) et étaient soutenus par leur ministre délégué au Commerce extérieur, M.François Loos, ainsi que par des membres du Parlement français, côté algérien, les quelque 300 opérateurs économiques algériens publics et privés étaient, eux aussi, très bien épaulés. Pratiquement tout le gouvernement algérien (Commerce, Partici-pation et Promotion des investissements, Energie et Mines, Réforme financière, Affaires étrangères) était présent à cette séance plénière de la rencontre. Autrement dit, l'importance de la rencontre ne se situe pas seulement sur le plan strictement économique ou des opportunités d'affaires commerciales, mais également sur le plan politique et géostratégique pour les deux pays, puisque l'événement est relié par les observateurs et autres analystes des rapports franco-algériens à l'Année de l'Algérie en France en novembre prochain, à la prochaine visite en Algérie du chef de l'Etat français, Jacques Chirac au début de 2003, et surtout au prochain sommet de la francophonie de Beyrouth à la fin du mois dont on dit qu'il va consacrer la probable adhésion officielle de l'Algérie à ce regroupement (voir l'article ci-dessous sur la francophonie). Néanmoins, lors de ces rencontres entre opérateurs économiques français et algériens, aucune voix officielle ou non des deux côtés n'a effleuré ce sujet encore très sensible sur le plan interne pour l'Algérie. Le Président de la République n'a pas, en tout cas, fait mention de la question lors de son intervention à la séance inaugurale de cette rencontre. Il s'est contenté de rappeler que ces retrouvailles économiques algéro-françaises s'inscrivent dans le prolongement de la rencontre qu'il a eue avec les responsables du Medef à Paris en février dernier, en marge des consultations préparatoires pour le Népad. Indiquant que «l'Algérie a beaucoup évolué depuis l'année 2000» et qu'elle a tout un programme d'actions pour concrétiser les réformes, il a clamé que «les résultats de la stabilité macroéconomique ne constitue pour nous qu'une base de lancement» pour réaliser ces réformes et, partant, insérer l'économie nationale dans l'économie mondiale. Selon lui, «l'ouverture du marché algérien va se poursuivre avec les aménagements nécessaires», et «l'Etat va se désengager totalement de l'activité marchande». Présentant aux participants les atouts, les performances et les potentialités de l'économie algérienne de ces dernières années (plus de 20 milliards de dollars de réserves de change dans les caisses de l'Etat, l'équivalent du niveau de la dette extérieure algérienne, maîtrise du niveau d'inflation), le chef de l'Etat a insisté sur la «la solvabilité de l'Algérie et l'évaluation du risque pays-Algérie qui ne pose pas problème à court et long termes». Il n'empêche, a relevé Bouteflika, que «malgré ce 4e séjour du Medef en Algérie depuis 1998, les investissements directs français restent bas, et nous attendons beaucoup de l'implication des hommes d'affaires français» dans l'économie algérienne. Pourtant, a-t-il fait remarquer, «le champ de la coopération entre les deux pays n'a jamais été aussi vaste». Le président du comité Algérie Medef international et directeur Général-Suez, M.Yves Thibault de Silguy, et le responsable adjoint du commerce extérieur français ont clamé la détermination des entreprises françaises présentes à ces rencontres de «ne pas faire seulement du commerce, mais du partenariat avec une réelle volonté d'investir» partout où l'opportunité se présente. Selon eux, pas moins de 14 secteurs d'activité sont d'ores et déjà identifiés. Reste à savoir si cet «intérêt de l'Algérie qui ne s'est jamais démenti» selon eux, se traduira par des réalisations concrètes en termes de modernisation et de développement économique de l'Algérie.