De sa flamme poétique, Lounis Aït Menguellet rallume le soleil des rêves. Et se décline, alors, un monde merveilleux.... Sur l'obscurité de la nuit, le poète étale sa feuille blanche. Les rimes de sa plume épousent les notes qui s'élèvent des cordes de sa guitare. Les sonates lumineuses et enivrantes invitent les âmes sensibles à l'odyssée poétique. Et pour ajouter à la magie, le toit de la salle s'est ouvert. Les étoiles scintillent aux couleurs des vers du maître du verbe. La salle était archicomble bien avant le début du concert. A 21h30, il était difficile de trouver une place. Pourtant, le gala n'allait commencer qu'une heure plus tard. C'est à croire que les gens ont rompu le jeûne sur place. «J'ai vite fait de prendre ma chorba, avant de prendre la route», avoue une jeune fille vêtue en robe kabyle. Sa maman lui emboîte le pas: «Nous avons plutôt besoin de nourrir notre esprit.» Amoureux de la parole rafinée, les amateurs du ciseleur des mots se sont déplacés en force. C'est une véritable marée humaine qui avait déferlé, mardi, à la salle l'Atlas d'Alger. La salle était trop exiguë pour contenir le public. Le nombre de tickets vendus a dépassé de loin la capacité d'accueil de la salle estimée à 2500 places. Mieux, des dizaines de personnes continuaient à affluer sur les lieux bien après le début du concert. «Idhoul sand'aanruh» (Lointaine est notre destinée), annonce, d'emblée, le poète, accompagné par ses deux fils Djaffar en véritable chef d'orchestre et Tarik à l'harmonica. L'orchestre comprenait également Saïd Ghezli au bendir, un drabki, un soliste au mandole et un guitariste pour la rythmique. Cette chanson, l'un des chefs-d'oeuvre du maître, embarque le public vers les hauteurs de la lyre. Le voyage commence....«Soleil garde-toi de t'éclipser/ Nous marchons tant que tu brilles/ Avons-nous peur que tombe la nuit/ Lointaine est notre destinée». De sa flamme poétique, Lounis Aït Menguellet rallume le soleil des rêves. Et se décline, alors, un monde merveilleux. «Cela fait 20 ans que je n'ai pas mis les pieds dans cette salle», avoue Chafik Tareb, la trentaine à peine entamée. Sa dernière veillée en ces lieux remonte à l'année 1990, lors d'un gala de...Lounis Aït Menguellet. Le jeune rêveur replonge dans son enfance. Le verbe du poète épouse les réminiscences qui s'éveillent en lui. Le voyage à travers le temps continue. Ils sont venus de partout pour y prendre part. De Boumerdès, de Tizi Ouzou de Tipasa...Tous les fans se sont donné le mot. Ils ont répondu à l'appel du guérisseur des maux. «Nous sommes venus de Tizi Ouzou spécialement pour assister au concert», témoigne une jeune femme accompagnée de sa famille. Cette famille, qui n'a pas eu la chance d'assister à ses concerts à Tizi Ouzou, n'a pas hésité à faire le déplacement. «Les perles enchantées de Lounis, valent bien le déplacement», note la maman sur un air exalté. De sept à 77 ans, les présents offraient leur âme au faiseur de rêves. Des vieilles, des femmes enceintes et même des bébés étaient parmi l'assistance. Le fait particulier était la présence remarquable des jeunes. Ils ont venus en masse au rendez-vous. Un élément qui renseigne sur l'attachement de la nouvelle génération à la poésie musicale de Lounis. «C'est une cure pour l'esprit, on ne se lassera jamais d'écouter Aït Menguellet», affirme un jeune étudiant en compagnie de ses amis. Ce groupe comme la plupart des fidèles reprenait en choeur les chansons de Lounis. Une nouvelle page de l'histoire d'amour entre le public et le chanteur est ouverte. Dans ce roman, le poète perçoit sa dulcinée. Celle qui a bercé son enfance et tissé des légendes pour les coeurs épris d'amour. «J'ai tant attendu pour que son visage s'efface...», enchaîne le ciseleur des mots. Les traits de sa bien-aimée ne quittent plus son âme. Le poète envoie à sa belle l'épître de son amour. La muse refuse de lui répondre. Ce refus fait jaillir en lui une cascade de vers argentés. L'ambiance est indescriptible. Le public est aux nues. Le nirvana est atteint quand Lounis interprète le fameux titre JSK. La salle s'enflamme de mille et un feux. Le public est en transe. C'est la plénitude de la magie. Des youyous fusent de partout. On danse par-ci et on chante par-là. La victoire de la JSK est magistralement fêtée. «Imazighen! Imazighen!», et «Anwa wigui? D'Imazighen!», scandaient les fans à gorge déployée. L'odyssée suit le rythme d'une valse à trois tons Poésie, amour et magie s'emparent du public. Au bout d'un moment, Lounis fait une halte. «Ces chansons me renvoient 30 ans en arrière. Peut-être que parmi vous se trouvent aujourd'hui ceux et celles qui ont fait ce parcours avec moi», dit le démiurge à ses fans. Ses propos éveillent le souvenir de Trois jours dans ma vie, cette chanson que le chanteur souffle et que le public chante. Le voyage reprend. Au bout d'un chemin nostalgique, le poète rencontre «Le fou». «Laisse s'écouler l'eau», lui préconise ce dernier pour atténuer son inquiétude. Les propos du fou libèrent les présents de la hantise du passé, de la crainte du futur et de la peur de la mort. Pour cela, il les invite à vivre la vérité de l'instant présent, jusqu'au bout. Le poète, lui, interprète «Le conflit». Le dialogue entre les deux subjugue le public. Leurs propos se répandent comme des astres lumineux dans le ciel. L'horloge du temps tinte...il est 1h du matin. L'odyssée nocturne prend fin.