La vie est devenue chère. Les salaires, du moins ceux en dessous de la barre des 30 000 DA, ne suffisent plus aux familles de plus de quatre personnes. Faute de s'en sortir ou d'arriver à joindre les deux bouts, l'alternative de contracter un crédit à la consommation devient presque inévitable pour de nombreux chefs de famille. Mais, aujourd'hui, cette option est à exclure puisque la loi de finances complémentaire 2009, dans son article 75, a supprimé les crédits aux particuliers, à l'exception des crédits immobiliers. Finis donc les crédits à la consommation. Du coup, il faut s'attendre en ces jours de Ramadhan et à la veille de la rentrée scolaire à ce que les ménages ne trouvent d'autres choix que de contracter un emprunt sur gages (bijoux en or quand ils existent) ou de demander une avance sur salaire (option révolue dans la fonction publique). C'est dire si le crédit à la consommation octroyé par les banques était d'un grand secours aux ménages. La décision du gouvernement est venue au mauvais moment même si les explications fournies sont d'éviter le surendettement des ménages. Les frais de consommation supplémentaires du Ramadhan, sur lesquels sont venus se greffer les dépenses incompressibles de la rentrée scolaire et celles de l'Aïd, compliquent la situation financière des salariés. En somme, des débours qui vont encore fragiliser le budget ou, en d'autres termes, vite faire fondre le revenu des ménages. Il faudra donc user de débrouillardise pour s'en sortir. Par exemple, réduire sensiblement les achats exclusifs au Ramadhan, pour alimenter le budget qui va être consacré aux frais scolaires. Plutôt facile à dire qu'à réaliser. Rappelons au passage que selon une étude menée par le Centre de recherche en économie appliquée et de développement (CREAD), aujourd'hui il faut bien miser 1 000 dinars au moins par jour pour préparer un repas au poulet. Il va sans dire que ce seuil augmente à mesure que la famille s'agrandit. Ainsi, et selon toujours l'étude du Cread, en prenant en compte toutes les variantes des dépenses, le budget vital mensuel d'une famille algérienne de 7 personnes se situerait autour de 25 000 DA. En clair, la majorité des familles algériennes vit donc sous le seuil vital du fait que 25 000 dinars demeure un haut salaire, sauf lorsque les deux parents sont à l'emploi et ils ne sont pas aussi rares que cela, les couples qui travaillent à deux et il faut dire aussi, que, pour certains, même lorsqu'il y a deux revenus, c'est tout juste s'ils peuvent boucler les fins de mois même avec 45 000 DA du fait que les exigences de la vie moderne auxquelles aspirent ces couples sont légitimes. Soulignons au passage que le budget de beaucoup de familles est étouffé par la hausse des prix des produits de large consommation. L'alimentation rafle 60% des dépenses En outre, et c'est un secret de polichinelle, l'alimentation demeure la principale préoccupation des ménagères étant donné qu'elle constitue près de 60% des dépenses ordinaires. Ce taux est nettement revu à la hausse durant le mois de Ramadhan. Le budget familial est tellement grevé en cette période que l'arrivée de la rentrée des classes met à mal plus d'un père de famille ayant des enfants scolarisés. Autre indice du niveau des dépenses, les déboursements occasionnels, telles les fêtes religieuses et la rentrée scolaire, constituent à eux seuls, selon une étude, près de 15% des revenus annuels moyens des familles algériennes. Il faut dire aussi que ces deux dépenses occasionnelles, qui interviennent cette année à la même période, ne peuvent que donner le tournis à celui ou celle qui a la responsabilité de gérer le budget familial. C'est dire aussi si les familles se retrouvent coincées entre des impératifs de dépenses incontournables et sous les effets d'une inflation galopante. Ainsi, il leur est demandé de faire preuve de beaucoup d'imagination pour tenter de répondre convenabelement et équitablement à ces deux «exigences» de dépenses occasionnelles. Cela va demander évidemment toute une acrobatie et beaucoup de sacrifices. Donc, le recours au système «D» devient incontournable pour l'écrasante majorité des familles qui élaguent plusieurs dépenses qualifiées de superflues, alors qu'à une autre période de l'année elles ne le sont pas. Pour les familles moins débrouillardes, on fait dans la gestion à vue. Tout en se demandant : «Nous ne savons pas comment nous en sortir !» A moins de vendre quelques biens. «Une option douloureuse mais nécessaire», estiment de nombreux chefs de famille. Et à ces derniers de se poser la question : «Pourquoi le gouvernement, qui nous refuse une augmentation de salaire, n'entreprend il rien pour corriger le pouvoir d'achat des Algériens ?» Un pouvoir d'achat qui ne cesse de se fragiliser et il faudra vite penser à consolider ou, tout au moins, assurer aux familles un budget vital. Rien n'indique que les choses iront en s'améliorant durant les prochaines années. Car, même si une augmentation conséquente du salaire national minimum garanti ( SNMG) sera décidée à l'issue de la tripartie prévue après l'Aïd, les ménages continueront de faire face à des situations difficiles. Le Ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire se retrouveront encore au même carrefour pendant les quatre prochaines années. L'absence d'une politique salariale efficace est, faut-il le souligner, l'une des raisons principales à l'origine d'une telle situation. Z. A.