C'est dans un climat serein que la loi sur la prohibition du port de la burqa en France sera définitivement adoptée par le Parlement en dépit des réserves juridiques. Le projet de loi visant l'interdiction du port du voile intégral dans l'espace public en France sera adopté demain par le Parlement. Même si elle ne concerne qu'une infime minorité, cette question avait déclenché, il y a plus d'une année, une polémique dans l'Hexagone. Cette dernière avait coïncidé alors avec le débat sur l'identité nationale initié par Eric Besson, ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire en France. Hasard du calendrier ou timing? Cette question avait suscité, en tout cas, l'ire de la communauté musulmane qui voyait derrière cette décision une certaine volonté de stigmatiser une communauté toute entière. En juillet dernier, une résolution condamnant le port du voile intégral islamique avait été votée par l'Assemblée nationale. N'ayant pas force de loi ni pouvoir contraignant, cette résolution stipule que la burqa est contraire aux valeurs républicaines et la classe parmi «les pratiques radicales attentatoires à la dignité et à l'égalité entre les hommes et les femmes». Les représentants socialistes avaient refusé de participer au vote. Ces derniers y voient dans cette interdiction un grand risque de stigmatisation dont fera l'objet la communauté musulmane. Au Sénat, les Verts et les communistes ont brandi les mêmes arguments quant à la question. Des responsables du Conseil français du culte musulman se sont également empressés d'indiquer que la décision d'interdiction relative à une pratique «ultra-minoritaire» (puisque la burqa est portée par moins de 2000 femmes sur un total de 5 à 6 millions de musulmans) sera perçue comme étant une atteinte à l'Islam. Le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative en France, avait, quant à lui, formulé des réserves sur une interdiction généralisée. Celle-ci sera pour lui «sans fondement juridique incontestable». La polémique sur l'interdiction du voile intégral dont les médias et certains politiques ont usé et abusé durant toute une année, sera-t-elle de nouveau au-devant de la scène avec l'adoption de ce projet de loi? Ce qui est certain, c'est que les «flammes» déclenchées par le débat n'ont laissé que des cendres. Les Français semblent actuellement plus préoccupés par des questions hautement plus importantes, telles que la réforme des retraites ou encore leur pouvoir d'achat. Il est à noter que ce projet de loi sur l'interdiction de la burqa avait été examiné auparavant par le Sénat dans un climat apaisé. Le texte, apprend-on, vise expressément «la dissimulation du visage dans l'espace public». Cet espace «comprend non seulement les rues mais aussi les lieux ouverts au public (commerces, transports, parcs, cafés...) ou affectés à un service public (mairies, écoles, hôpitaux...)». Après six mois de «pédagogie», le port du voile islamique intégral, sera désormais passible d'une amende de 150 euros et/ou d'un stage de citoyenneté. Une peine d'un an de prison et de 30.000 euros d'amende est réservée à toute personne obligeant une femme à se voiler. En adoptant demain cette loi, la France pourrait, selon les juristes, aussi s'exposer à une condamnation par la Cour européenne des droits de l'Homme «pour qui chacun peut mener sa vie selon ses convictions dès lors que cela ne porte atteinte à autrui». Pour rappel, le Parlement européen vient de rappeler à l'ordre la France en matière de stigmatisation des Roms en particulier et de l'immigration en général.