Alors qu'il n'existe en tout et pour tout, selon des chiffres officiels, moins de 2 000 femmes qui se voilent intégralement dans l'Hexagone, une commission parlementaire française recommande des mesures pour bannir la burqa des administrations, des hôpitaux et des transports publics. La question sur la place de l'Islam dans la société française est plus que jamais d'actualité dans ce pays, comme le montrent les recommandations de la mission parlementaire, appelant la France à se prononcer solennellement contre le port du voile islamique intégral. Les membres de cette commission souhaitent dans leur rapport, dont le contenu a été rendu public hier, voir les autorités prendre des mesures bannissant la burqa des administrations, des hôpitaux et des transports publics. Si elles ne se pliaient pas à cette règle, les femmes concernées seraient exclues des prestations offertes par ces services publics. Voilà à quoi aboutit le débat des six derniers mois sur cette question, alors que le nombre de femmes qui ont opté pour le choix de se couvrir le visage pour des raisons religieuses sont peu nombreuses en France. En effet, selon des chiffres officiels, elles sont moins de 2 000. Considérant qu'il s'agit d'un “défi aux valeurs de la République”, le qualifiant d'une pratique “inacceptable” menaçant “la dignité des femmes”, les auteurs du rapport sont unanimes pour appeler à “condamner fermement” le port du niqab ou de la burqa, sans toutefois proposer de loi “générale et absolue”, en raison de l'absence d'un consensus politique. Les membres de la mission parlementaire, qui ont auditionné deux personnes, préconisent, dans un premier temps, l'adoption d'une résolution par le Parlement proclamant que c'est “toute la France qui dit non au voile intégral et demande que cette pratique soit prohibée sur le territoire de la République”. Il s'agira d'une déclaration solennelle non contraignante, qui constituera la première mesure d'une série de “18 propositions”, visant à “adopter une disposition interdisant de dissimuler son visage dans les services publics”. Ceci étant, la commission, dont une grande partie de ses membres est favorable à une loi interdisant “tout vêtement masquant entièrement le visage (...) sur le fondement de la notion d'ordre public”, n'est pas allée jusqu'à proposer une interdiction dans tout l'espace public, c'est-à-dire aussi dans la rue, car redoutant une censure constitutionnelle ou une condamnation par la Cour européenne des droits de l'Homme. Il faut dire que le sujet est extrêmement sensible dans un pays qui abrite la plus grande communauté musulmane d'Europe, avec 5 à 6 millions de membres, pour la plupart issus de l'immigration d'Afrique du Nord. En outre, même le Conseil français du culte musulman (CFCM), organe représentatif des musulmans de France, est lui-même opposé à cette pratique considérée comme “minoritaire”, son bannissement de la rue pose de délicats problèmes juridiques. Par ailleurs, l'interdiction de la burqa est soutenue par le gouvernement et le président Nicolas Sarkozy, qui a affirmé qu'elle n'était pas “la bienvenue” en France. Dans le but de réduire le développement de cette pratique, il est question de modifier la législation régissant le séjour des étrangers et le droit d'asile en France, pour pouvoir “refuser la délivrance d'une carte de résident aux personnes qui manifestent une pratique radicale de leur religion”. À signaler que, selon les résultats d'un sondage rendus publics hier, les Français sont 56% à souhaiter l'interdiction dans la rue et jusqu'à 62% dans les “lieux publics”.