Les sociétés islamiques sont profondément différentes des sociétés occidentales dans leur rapport au sacré, à la science et à la raison laïque. Islam et Occident, Islam et laïcité, Islam et histoire. Ce sont autant de thèmes sur lesquels s'est penché le professeur Mohammed Arkoun, décédé mardi dernier à Paris. Cet islamologue avait 82 ans qu'il a passés à donner des conférences dans des universités du monde entier. Il était professeur émérite d'histoire de la pensée islamique à l'université de la Sorbonne à Paris. El il n'a pas cessé d'appeler au dialogue interreligieux. Cet Algérien est né en 1928 à Taourit-Mimoun, en Kabylie. Il a fait ses études primaires à l'école du village et ses études secondaires à Oran. Il s'est intéressé à la littérature arabe, au droit, à la philosophie et à la géographie à l'université d'Alger. Il a aussi préparé l'agrégation en langue et littérature arabes à l'université de la Sorbonne. En 2008, il avait dirigé la réalisation de L'Histoire de l'Islam et des musulmans en France du Moyen Age à nos jours, un ouvrage encyclopédique auquel avaient participé de nombreux historiens et chercheurs qui racontait et expliquait une histoire commune et millénaire. Il a consacré de très nombreux ouvrages à l'Islam. La Pensée arabe (Paris, 1975), Lectures du Coran (Paris, 1982), Penser l'Islam aujourd'hui (Alger, 1993), ou encore The Unthought in Contemporary Islamic Thought (Londres, 2002). Il est l'auteur de nombreux autres ouvrages, en français, anglais et arabe, de sociologie religieuse consacrés à l'Islam. Ses travaux sont publiés dans de nombreux journaux universitaires et sont traduits en plusieurs langues. Mohammed Arkoun a été membre du Comité directeur puis du Jury du Prix Aga Khan d'architecture (1989-1998), du Jury international du Prix Unesco de l'éducation pour la paix (2002), et du Conseil scientifique du Centre international des sciences de l'homme de Byblos (Liban, Unesco). Il est fait, en juillet 1996, officier de la Légion d'honneur, puis officier des Palmes académiques. L'université d'Exeter (Royaume-Uni) lui attribue ensuite le titre de docteur honoris causa. Arkoun a beaucoup réfléchi sur la laïcité, valeur dont il se porte à la défense, y compris pour le monde musulman. «Je m'efforce d'ouvrir les voies d'une pensée fondée sur le comparatisme pour dépasser tous les systèmes de production du sens - qu'ils soient religieux ou laïcs - qui tentent d'ériger le local, l'historique contingent, l'expérience particulière en universel, en transcendantal, en sacré irréductible», dit-il.