Des experts de l'ONU ont proposé devant le Conseil des droits de l'homme une nouvelle convention pour mieux encadrer les activités croissantes des sociétés de sécurité privées, considérées comme les mercenaires des temps modernes. La tendance à la privatisation de la sécurité se renforce, alors que les sociétés militaires et de sécurité privées (Pmsc) ne sont pas suffisamment réglementées au niveau international, a expliqué Amanda Benavides de Perez, présidente d'un groupe de travail de l'ONU sur le sujet. Certaines de ces sociétés privées sont devenues si puissantes (...) qu'elles sont devenues des partenaires indispensables pour les activités militaires de certains gouvernements, a-t-elle relevé. La proposition de convention a été rejetée par l'Union européenne, mais a reçu le soutien du groupe des pays africains et de l'Organisation islamique africaine. Il existe pour l'instant une convention de l'ONU adoptée en 1989 sur le recrutement, l'utilisation, le financement et l'entraînement de mercenaires, ratifiée par 32 pays y compris neuf Etats africains. Une convention de l'Organisation de l'unité africaine (OUA, ancêtre de l'UA) sur l'élimination du mercenariat en Afrique, datant de 1977, a été adoptée depuis par 30 Etats du continent. Mais les experts estiment que ces textes ne suffisent pas à contrôler suffisamment les Pmsc. Une réunion de deux jours a rassemblé en mars à Addis Abeba les experts du groupe de travail onusien et des représentants de 25 pays d'Afrique pour discuter de cette nouvelle convention. Les Pmsc et leurs personnels sont rarement mis devant leurs responsabilités pour leurs crimes et violations des droits de l'homme, a alors expliqué une des expertes, Shaista Shameem. Selon José Luis Gomez del Prado, autre membre du groupe, ces sociétés se sont multipliées ces dernières années dans le monde et pas seulement en Afrique. «Aujourd'hui nous sommes face à un phénomène global avec de vraies multinationales, basées à 70 ou 80% aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, opérant partout dans le monde, recrutant là où la main-d'oeuvre est meilleure marché», a-t-il précisé. D'après les experts, ce marché représente entre 20 et 100 milliards de dollars (entre 15,39 et 77 milliards d'euros) par an.