Des sources sécuritaires ont révélé le nom du terroriste malien nommé Amar Ag Amnoukal, comme étant l'auteur de l'opération. La menace de représailles contre la France se précise avec cette nouvelle prise d'otages perpétrée au nord du Niger. Le Quai d'Orsay, par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'exprimant sur les ondes de la chaine Europe 1 ne cache pas son inquiétude quant au cinq Français kidnappés jeudi par un groupe terroriste. «Il ne faut pas se le cacher, cette organisation a engagé une lutte à mort contre la France», s'est inquiété le ministre français. Pour sa part, Louis Caprioli, ancien sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire DST, déclare, toujours à la même chaîne de radio: «C'est inquiétant pour la vie des otages. Cette organisation veut frapper les intérêts français». Sept personnes ont été enlevées par un groupe armé au nord du Niger, dont cinq ressortissants français. Les victimes, selon les dernières informations, ont été transférées vers le nord du Mali, comme à chaque fois. Cela pour introduire de nouveaux pourparlers avec l'Elysée, par le biais de négociateurs maliens qui, a priori, ont eux aussi trouvé le filon de l'argent facile. Le gouvernement français ne cache pas son inquiétude quant à ses ressortissants. Ces derniers travaillent pour les sociétés Areva et Satom (filiale du groupe Vinci). Ils ont été kidnappés près des mines d'uranium, dans la région d'Arlit, à 1000 kilomètres au nord de Niamey. Le rapt a eu lieu le jour même où s'est déroulé à Alger une très importante réunion des états-majors des services de renseignements et de sécurité algériens, mauritaniens, maliens et nigériens. L'objectif consistait à élaborer une stratégie de lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique qui vient d'obtenir des sommes d'argent en guise de rançons pour la libération des otages européens lesquelles s'élèvent à pas moins de 150 millions d'euros. Une telle somme va, à ne pas en douter permettre à la nébuleuse de renouveler son arsenal d'armement. Et c'est justement sur ce point précis qu'ont été animés les débats comme annoncé dans notre édition du jeudi faisant état d'empêcher Al Qaîda d'utiliser cet argent pour l'achat d'armes ou de financer un réseau d'informateurs ou d'officiels corrompus, et d'éviter d'autres interventions étrangères comme ce fut le cas pour la libération de l'otage français, Michel Germaneau. Des sources sécuritaire très au fait du dossier ont confirmé la piste d'Al Qaîda au Maghreb, révélant le nom d'un certain Amar Ag Amnoukal, un terroriste activement recherché, originaire du Mali et âgé d'une trentaine d'années. Ce terroriste targui, a-t-on précisé, aurait été à l'origine du fil connecteur entre une tribu touarègue et le Gspc, branche présumée d'Al Qaîda, en se solidarisant avec le tristement célèbre Abou Zeïd, qui tous les deux confirment ensuite une connexion avec un chef contrebandier du Niger qui répond au nom de Mohamed Iblègh. Au moment où nous mettons sous presse, aucune revendication n'a été formulée par les ravisseurs. Depuis le raid mené par les forces françaises avec celles de la Mauritanie, un volcan s'est réveillé dans cette zone. L'intervention française a, en effet, arrangé les affaires des terroristes, puisque aussitôt l'Espagne, ayant eu peur pour la vie des deux Espagnols séquestrés au nord du Mali s'incline avec la plus importante rançon. Il faut le rappeler, l'Algérie s'est toujours opposée au paiement des rançons aux terroristes. Et c'est contre cette pratique qu'elle a toujours tenté de sensibiliser les pays concernés par la lutte antiterroriste. L'Algérie reprochera d'ailleurs, clairement à l'Espagne d'avoir négocié avec Al Qaîda. A elle seule l'Espagne a dépensé 8 millions d'euros. Une véritable manne pour la nébuleuse. Un fait qui a été pourtant criminalisé par l'ONU. Que dire de cette intervention française au Mali qui a engendré une situation plus compliquée. Alger a fait savoir sa position sans avoir publiquement fait une déclaration. Nos sources ont confié, dans ce contexte précis, qu'il y a d'autres moyens d'agir. «Avec une expérience incontestable, les forces de sécurité algériennes auraient mieux géré la situation si elles étaient sollicitées, surtout qu'elles ont une parfaite connaissance du profil des terroristes et assez de renseignements à exploiter» regrettent les mêmes sources qui soutiennent qu'Al Qaîda a tissé des complicités avec des réseaux terroristes jusqu'en Somalie et que les transactions relatives aux achats d'armes et munitions vont certainement se faire sur ce territoire du fait de l'absence totale de sécurité et la présence des trafiquants pour lesquels le sol somalien est devenu fertile. En fait, c'est toute cette bande, et jusqu'en Mauritanie, qui est devenue un espace de prédilection pour Al Qaîda dont les éléments ont réussi à s'implanter fortement.