Pour plusieurs raisons, la Kabylie intéresse de plus en plus des auteurs qui viennent d'horizons divers. Les maisons d'édition n'hésitent pas à donner leur aval quand le livre proposé a trait à la région, sans doute pour des raisons commerciales qui sont, somme toute, légitimes quand on sait qu'il est de plus en plus difficile de dénicher un ouvrage qui attirera l'attention du lecteur en dehors des livres scolaires et universitaires. Cette démarche permet donc de faire découvrir, à chaque nouvelle publication, de nouvelles facettes de la Kabylie avec des regards inédits. L'un des ouvrages qui viennent de paraitre dans la région de Tizi Ouzou est le livre de Lucienne Ali-Dellile, édité par les éditions El Amel. L'ouvrage est constitué de trois récits: la malédiction du djinn, le vieil homme et sa voiture et enfin Fatma. L'auteur a dédié son livre, entre autres, à ses collègues et amis de Tizi Ouzou et de Tizi El Korn en Basse Kabylie avec lesquels elle a vécu sept années. Lucienne Ali-Dellile fait aussi sienne une citation de l'auteur du «Grain Magique»: «Qu'emportons-nous des biens de la terre? Nous les laisserons à des héritiers, et nous en irons les mains nues de ce monde éphémère». L'auteure de cet ouvrage qui met en lumière certains aspects de la vie en Kabylie, Lucienne Delille, est née à Paris. A l'âge de 12 ans, elle veut devenir écrivain et rédige son premier ouvrage lu par ses camarades de classe. Parallèlement, elle prend position pour l'indépendance de l'Algérie, divisant l'école. Volontaire, indépendante, rebelle, à 17 ans, elle quitte sa famille et deux ans plus tard, lâche ses études d'infirmière pour suivre en Algérie, Mohand Ali, son mari originaire de la région d'Adekar. Elle travaille aux pompes Guinard à Alger où nait sa fille Nadya qui décèdera trois mois plus tard et sera enterrée à El Alia. En 1967, de retour en France, elle est secrétaire à la samaritaine à Paris. Sept ans plus tard, elle développe une tuberculose qui la maintient en sanatorium durant plus d'une année pendant laquelle elle développe son goût pour l'écriture et la peinture. Mais l'Algérie l'a marquée de son empreinte et la Kabylie l'a fascinée. Aussi, en janvier 1979, dans un contre-courant historique, la famille agrandie par deux garçons, débarque à Tizi Ouzou où elle travaillera à la SAA. Lucienne Delille est auteure de plusieurs almanachs, contes et d'ouvrages dont «Ma Kabylie, le pays des hommes fiers», primé à l'Institut académique de Paris et de Honfleur et au concours France Poésie pour divers poèmes. Elle est membre de la société des auteurs de Bourgogne et des gens de lettres de France.