Chinois et Japonais ont décidé de régler leur différend par la voie du dialogue. Nul n'envisageait l'inverse, car nul ne peut prédire les conséquences d'un choc entre deux géants. Le calme est revenu dans les villes chinoises gagnées par une campagne antinipponne en raison d'un manuel qui minimisait les atrocités commises par l'armée japonaise en Chine pendant la Deuxième Guerre mondiale. Après avoir longtemps hésité, le Japon a présenté officiellement ses excuses. Il reste que Tokyo n'a pas voulu faire un geste à la sauvette. Les Japonnais y ont mis toute la solennité qui sied à une telle décision, puisque le cadre retenu était la conférence afro-asiatique qui réunit depuis vendredi l'écrasante majorité de l'humanité. La Chine, le Japon et la Corée du Sud y assistent effectivement. Plus rien ne s'oppose alors à une normalisation des relations entre les deux pays et à une rencontre entre leurs dirigeants. Ce qui n'a pas tardé puisqu'une telle rencontre a eu lieu hier entre le Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, et le président chinois, Hu Jintao, dans la capitale indonésienne en marge du sommet commémoratif du cinquantième anniversaire de la conférence de Bandoeng. Les deux leaders se sont retrouvés à huis clos dans un hôtel proche du sommet afro-asiatique. L'arrivée des leaders n'a pas été précédée d'une poignée de mains publique. Cette rencontre n'a pas été facile à organiser. Peu auparavant, M. Koizumi déclarait qu'il espére de ce rendez-vous qu'il débouchera sur une amélioration de l'entente entre les deux pays. « Lors de notre rencontre au sommet (de Jakarta), j'espère que nous partagerons la même appréciation sur l'importance de l'amitié entre la Chine et le Japon », a-t-il dit aux journalistes alors qu'il effectuait une visite de la province indonésienne d'Aceh dévastée par le tsunami du 26 décembre 2004. Le Premier ministre japonais a renouvelé vendredi à Jakarta des « excuses sincères » pour les « souffrances » infligées par le Japon sous l'empire, cette déclaration générale étant saluée par Pékin dans un contexte de vive tension entre les deux pays. Les délégations chinoise et japonaise ont travaillé vendredi à organiser cette rencontre. Hu Jintao et Junichiro Koizumi se sont retrouvés dans la même salle vendredi matin, sans entrer en contact, même visuel. Les relations sino-japonaises sont au plus bas depuis 30 ans. De violentes manifestations antijaponaises ont éclaté ces dernières semaines en Chine, après que Pékin eut accusé Tokyo de minimiser les atrocités commises par les troupes japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, a renouvelé des « excuses sincères » pour les « souffrances » infligées par le Japon sous l'empire. « Par le passé, le Japon, à travers son administration et son agression coloniales, a causé des torts et des souffrances à des peuples de nombreux pays, en particulier de nations asiatiques. Le Japon regarde droit en face ces faits historiques, dans un esprit d'humilité », a déclaré M. Koizumi. « Et, avec un sentiment de profond remords et avec des excuses sincères toujours présentes à l'esprit, le Japon s'est constamment résolu, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à ne pas devenir une puissance militaire mais une puissance économique, résolvant tous ses problèmes d'une voie pacifique », a-t-il ajouté. La Chine s'est félicitée du discours de M. Koizumi. « En regardant soixante ans en arrière, les grands torts qu'il (le Japon) a causés dans des pays asiatiques dont la Chine, nous saluons l'attitude de Koizumi », a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise. Les excuses avancées par M. Koizumi n'ont pas empêché la Chine de protester « vigoureusement » contre le pèlerinage effectué vendredi par des parlementaires japonais au sanctuaire patriotique du Yasukuni à Tokyo, en hommage aux soldats nippons morts sous les drapeaux. Présent au sommet de Jakarta, le Premier ministre sud-coréen, Lee Hae-Chan, a de son côté accusé le Japon de « pervertir l'Histoire », en doutant de la sincérité de son remords. Quelle est donc la portée de ces excuses ? La Chine a obtenu ce qu'elle voulait, mais qu'attend le Japon d'un tel acte dont il est opportun de relever qu'il a eu lieu en présence du secrétaire général de l'ONU, et que le Japon aspire à devenir un membre permanent du Conseil de sécurité ?