Engagement dans les mots et une musique riche de délire, les frères Amokrane entraîneront le public vers une spirale d'ambiance festive saupoudrée d'humour caustique. C'est la seconde fois qu'ils se produisent à Alger. Mous et Hakim, ex-groupe Zebda sont venus cette fois enflammer les jardins du Centre culturel français. Avec leur nouvelle formation Origines Contrôlées, ils revisiteront au grand bonheur de l'assistance, le répertoire et patriotisme musical algérien. Les frères Amokrane ont porté haut les couleurs de l'Algérie et leur éternel combat qu'ils clament haut et fort du côté des émigrés en France. Une musique fortement généreuse, éclectique, riche de sonorités multiculturelles, qui puisent dans les racines en perpétuel mouvement d'une culture populaire à vocation universelle. Fureur de vivre, pas agencés sur scène et folie dans le ton, dans le chant, Origines Contrôlées a offert un bouquet de chansons au public qui s'est déplacé, même sous la pluie pour apprécier ce tonnerre de rythme, de ces mots qui sonnent fort,comme des revendications contestataires car Origines Contrôlées, c'est aussi ça. Des textes que l'on assène, enrobés dans un délire scénique qui vous pousse à vous déhancher. Aït Menguellet, Slimane Azem, Djamel Allam et son Gatlatou, le début festif de Mouss et Hakim s'est voulu un hommage à leurs racines de Sidi Aïch comme un retour aux sources fêté, guitare en bandoulière et accordéon. Mais l'incontournable Dahmane Harrachi n'était pas loin pour donner le «la» à ces chansons de l'exil et de l'émigration avec sa Bahdja bidha. Le chaâbi est revisité par Mous et Hakim dont l'accent basque toulousain fond comme un sucre à l'oreille, savoureux à plus d'un titre. La suite est un morceau «antifasciste» de Manu Chao, Bella ciao. Le public et, notamment les jeunes exultent sur ce morceau dont d'aucuns le connaissent par choeur. Rappelant leur disque Motivés, sorti il y a une dizaine d'années en réaction contre la politique du Front national, les freres Amokrane feront remarquer sur scène que le combat continue, mettant à l'index Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux. «Je ne me doutais pas un jour que j'allais jouer cette chanson à Alger. Je la dédicace spécialement à ceux qui sont motivés, qui croient en la vie, en la démocratie, on n'a pas le choix, il n'y a pas d'arrangement avec les obscurantistes. On y croit car on aime la vie c'est pour nos enfants!», scandera le chanteur. Et le public enthousiaste, applaudit, accueille ces mots comme un mot d'ordre de ralliement presque, il est content, il se lève, danse, bouge. Un hymne festif à la joie et la bonne humeur. Mous et Hakim entraîne le public vers un voyage musical fait de métissage de sons, d'influences rock, rap, raï et reggae. Un engrangement par les mots, mais de la musique à en revendre qui parle à l'humain, comme à la tête et au coeur. Idir est aussi convoqué, deux fois, au grand bonheur des amoureux de la musque kabyle. Le concert s'achève en beauté avec un titre de Mohamed Mazouni écrit en 1970, Adieu la France, bonjour l'Algérie. La pluie n'a pas eu raison d'un public assoiffé d'évasion et des artistes qui se sont mêlés plusieurs fois à la foule, venue se délecter du répertoire un peu nostalgique de Mous et Hakim. Même si certains sont restés un peu sur leur faim, car ils attendaient patiemment la fameuse chanson Tomber la chemise qui n'est jamais venue, ils reconnaîtront avoir passé un excellent moment. Chacun s'est amusé comme un petit diable dont ce garçon, Fethi qui a mouillé allégrement sa chemise lors de ce concert unique et bien revigorant!