Le Musée d'art contemporain accueille depuis lundi dernier, un événement intéressant qui s'étalera jusqu'au 10 novembre. Accompagné lors de cet événement, de M.Halim Benatallah, secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui a pris le temps de discuter avec chaque artiste exposant, a salué ce festival qui se veut, selon elle, «un lieu d'expression destiné d'abord pour les artistes» 200 photographies sont ainsi offertes au regard du spectateur, regroupant les oeuvres de onze artistes dont le dénominateur commun est le thème du voyage. «A travers les oeuvres des artistes, cette exposition pose la question du dépaysement, elle convie les visiteurs à contempler différemment le monde et à satisfaire leur appétit romanesque, d'aventure et d'exotisme», écrit le directeur du Musée, Mohamed Djehich dans le catalogue. Et d'ajouter: «Cette exposition est une invitation à l'émerveillement au gré des flâneries des auteurs qui allient exigence, humour, réflexion, sensibilité et émotion. Croiser les regards, sublimer le quotidien, le banal est devenu un terrain d'expression artistique avec ses codes, ses références et ses talents» dit-il à propos de cette exposition qui dure jusqu'au 10 novembre. Noury Belabès a exposé des photos prises lors d'un périple qui l'a mené du Sénégal au Costa Rica, en passant par l'Ukraine, le Brésil, le Canada, la Turquie et l'Espagne. Fayçal Baghriche a présenté, quant à lui, une série de photographies réalisées dans le cadre d'un voyage à New York, en utilisant l'appareil photo de son téléphone portable mais en modifiant l'angle de prise, donnant ainsi à ses oeuvres une ligne d'horizon inclinée. Son portable est tout simplement vissé à son oreille, histoire de prendre des photos à l'insu des gens, d'où ces images «obliques». Après le désert algérien, l'an dernier, Djama Nadir revient exposer au Mama avec une douzaine de photographies, cette fois mettant en valeur la richesse et la beauté du patrimoine architectural chinois, thème repris également par Sid-Ali Djenidi. Hamdikène El Hadi a choisi de «peindre» la beauté des rivages, et le silence profond qui en découle tandis que Kal Karim a consacré une série de ses oeuvres à l'architecture de la Guyane, «en essayant de mettre en lumière l'ambivalence entre art et document». Aussi, entre absence, présence, ces lieux vides sont pourtant habités par des «signes» humains comme le linge étendu, les flammes vives d'un foyer, symbole d'espace privé, qu'il se plait à fixer via des «perspectives fuyantes dues à l'utilisation d'un grand angle, de puissantes diagonales, nous propulsant au coeur de l'image». Ashraf Khessaïssia expose, pour sa part, une vingtaine de photographies issues des divers reportages effectués en Orient, en Asie et en Europe, favorisant le cliché par excellence et un voyage tous azimuts, notamment à Beyrouth, à Doha, à Rome, à Shiraz (Iran). Des photos un peu drôles prises sur le vif, dévoilant des hommes et des femmes dans leur quotidien, comme cet homme endormi sur sa chaise dans son magasin ou cette belle femme lors d'une soirée chic à Beyrouth. Superbe cliché en noir et blanc. Seghilani Hamid, artiste vivant à Paris, a évoqué dans ses oeuvres son quartier et la vie quotidienne, tout en mettant en valeur les traditions algériennes au sein de sa famille. Halim Zenati a exposé, pour sa part, des photographies de son séjour au Brésil, plus précisément à Belo Horizonte, dans le Minas Gérais, «où chaque rue me réserve un coup de coeur: un rayon de lumière, une couleur, une architecture», a-t-il dit. Des images fugaces, singulières. Quant à Meziani Omar il a réalisé des photographies, lors de ses voyages à Bamako, au Burkina Faso et au Sénégal. Des portraits d'enfants pris dans des quartiers populaires en Afrique, réalisés sans artéfact et dévoilant une maîtrise parfaite du cadre. Outre ces dix artistes algériens qui posent leur regard sur l'autre. Cette fois, c'est l'artiste allemande, invité d'honneur, Marion Beckhauser de nous parler via son objectif. Dans sa série «Algérie mon amour», l'artiste a mis en exergue la beauté des paysages algériens dont le Sud, mais aussi la ville d'Alger et ses habitants, son port, sa mer, ses garçons sautant d'une falaise pour nager et ses incontournables images de supporters emmitouflés dans le drapeau national. Et comme un festival se veut riche, le Mama accueille aussi huit oeuvres, placées cette fois sous le thème de «L'attente», issues d'une résidence d'art plastique, organisée par l'association Chrysalide, aux Aftis à Jijel en 2009. Parmi ses artistes, on citera Ammar Bouras qui revient avec son installation vidéo, projetée l'année dernière au Mama, mais cette fois amputée d'une partie, mettant en exergue l'article 13 de la déclaration des droits de l'homme: «Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.» Ammar Bouras a transfiguré poétiquement cet état de fait par des carrés d'images colorés illustrant la mer et le bruit de ses vagues comme un appel au départ et cette envie de «harga». Halida Boughiet est partie dans ses oeuvres de textes écrits autour du thème de la culpabilité. En reprenant ces textes, elle en a reconstitué une partie sur le dos d'une femme et d'un homme allongés sur le sable, et face au réverbère de métal sur le soleil, le résultat est tout simplement saisissant de beauté et d'originalité. Une oeuvre hautement esthétique qui tranche avec certaines photos exposées, car dénuées d'âme et d'intérêt. Son action appelle à la réflexion.