Que dira-t-il à la génération de l'indépendance qu'il va rencontrer à chaque escale de son déplacement en Algérie? Après la pluie, est-ce le beau temps? Les relations entre l'Algérie et la France ont essuyé des tempêtes et des orages continus ces deux dernières années. Mais ces derniers jours l'on assiste à un discours tout à fait différent de la part des officiels français. Un discours qui verse dans le sens du rapprochement entre les deux pays. Mardi, à partir de New York, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a évoqué avec son homologue algérien, Mourad Medelci, son souhait d'effectuer une prochaine visite à Alger. M.Kouchner a dit son souhait d'effectuer une visite «plus politique» dans les prochaines semaines. Comprendre par l'expression «plus politique», le souhait de Kouchner d'aborder des questions de fond ou même les dossiers qui fâchent. Kouchner ne parlera pas d'économie, une question laissée à la secrétaire d'Etat chargée du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, qui a fait état, lundi, d'une «nouvelle étape» dans les relations franco-algériennes à l'occasion d'une visite de deux jours à Alger. Elle avait insisté sur la «volonté du gouvernement français et des entreprises françaises de développer les investissements en s'inscrivant complètement dans la logique» de développement et de partenariat définis par le gouvernement algérien. Le souhait de Kouchner de se rendre à Alger soulève tout de même quelques interrogations. Pourquoi ce subit regain d'intérêt pour notre pays chez un ministre connu pour ses déclarations provocantes à l'égard de l'Algérie. En février, le ministre français des Affaires étrangères, avait expliqué la tension franco-algérienne par la présence au pouvoir de «la génération de l'indépendance». «Ce sera peut-être, selon lui, plus simple après le départ de cette génération», un départ qui ne se fera pas dans quelques semaines, délai fixé par Kouchner pour se rendre à Alger. Que dira Kouchner à la génération de l'indépendance qu'il va rencontrer à chaque escale de son déplacement en Algérie? Les informations en provenance de New York font état de discussions menées entre les deux diplomates (Kouchner et Medelci) autour de la situation au Sahel. La partie française a souligné la forte coopération de l'Algérie. «Nous avons parlé du Sahel», souligne le chef de la diplomatie française, évoquant la volonté des Algériens de «conforter» un état-major déjà existant et constitué des cinq pays du Sahel, qui devrait, selon le ministre français, se réunir dans les prochaines semaines. Selon son porte-parole Bernard Valero, M.Kouchner a évoqué la question sécuritaire et souligné avec M.Medelci «la nécessité de renforcer la coopération régionale». Il a reconnu «la contribution de l'Algérie à l'effort collectif» dans la région du Sahel. Les deux ministres «se sont accordés à souligner la densité, la qualité et la dynamique de progrès entre les deux pays», et «se sont accordés à travailler ensemble à la poursuite de l'approfondissement de ces relations», selon M.Valero. La France souhaite l'aide de l'Algérie pour résoudre le problème de ses 5 ressortissants pris en otages au Mali, mais continue de faire la sourde oreille à la demande des autorités algériennes de supprimer le pays de sa liste noire. La réplique de Kouchner fut catégorique et loin d'être diplomatique: «Les Algériens sont choqués, et c'est vrai qu'ils se battent courageusement contre El Qaîda. Mais nous appliquons des règles de sécurité», des règles que Paris n'a pas hésité à transgresser en faisant pression sur le gouvernement malien en février dernier pour la libération de quatre islamistes d'Al Qaîda détenus dans les prisons maliennes. C'était la condition pour que soit libéré Pierre Camatte, otage français détenu depuis fin novembre par l'organisation terroriste. La désignation de Kouchner à la tête de la diplomatie française n'a pas joué en faveur d'un rapprochement entre les deux pays. Des observateurs l'ont pointé du doigt, le mettant en cause dans ce climat électrique qui règne entre les deux pays. Un climat que même la présence du président Abdelaziz Bouteflika au Sommet France-Afrique n'a pu apaiser. Ce coup-ci «le dérapage» a été commis par le président français lui-même. Rappelons que Sarkozy a déclaré quelques heures après la clôture du sommet. «Dire qu'il suffit que l'Algérie participe au sommet pour que tout s'éclaire dans la relation entre la France et l'Algérie, je ne serais pas aussi optimiste», a-t-il déclaré. Pour lui «il faudra encore du temps. J'ai dû moi-même m'y résoudre». Rappelons enfin que l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a été chargé au début du mois par le président Nicolas Sarkozy de faciliter et de développer le partenariat économique. Du côté algérien, selon des sources diplomatiques, le choix est fait sur la personne du vice-Premier ministre, M.Yazid Zerhouni, pour gérer ce dossier.