Les positions des grandes puissances par rapport aux lois sur l'investissement en Algérie s'entrechoquent car, dans l'affaire, il y a un marché qui représente 286 milliards de dollars. Les dispositions de la loi de finances complémentaire 2010 sèment la division parmi les investisseurs étrangers, partenaires de l'Algérie. La France et l'Allemagne, les deux grandes puissances économiques de l'Union européenne, n'ont effectivement pas apprécié les nouvelles mesures contenues dans la LFC encadrant les IDE en Algérie. «J'ai lu les articles qui se rapportent à la loi de finances complémentaire 2010. Je dois dire que cette LFC est compliquée. J'ai constaté qu'il y a un certain nombre d'aménagements sur le crédit documentaire. En fait, tout ceci se situe dans le prolongement de la LFC 2009», avait déclaré, il y a quelques jours, l'ambassadeur de la France à Alger, Xavier Driencourt, sur le sujet. «Des entreprises qui veulent investir et entrer en partenariat avec des entreprises algériennes, mais à cause des problèmes dans cette loi de finances complémentaire, elles sont réservées», avait souligné, de son côté, la ministre déléguée de l'Economie, de l'Industrie, des Transports et des Technologies de Bavière, Katja Hessel, en visite à Alger. Si certains affirment être «lésés» par les nouvelles mesures imposées par le gouvernement algérien pour encadrer les IDE, d'autres ne semblent pas en être inquiets. Les hommes d'affaires américains, qui seront à Alger à partir d'aujourd'hui, font d'ailleurs partie de cette deuxième catégorie. «La règle du 51/49 ne gêne pas les opérateurs économiques américains. Elle ne constitue pas une nouvelle loi pour eux. Ils sont habitués à ce genre de dispositions déjà appliquées au Moyen-Orient. Dans ces pays, il y a obligation à ce que n'importe quelle compagnie étrangère prenne un partenaire local.», a précisé Ismaïl Chikhoune, président du Conseil d'affaires algéro-américain (US-ABC) lors d'une émission à la Chaîne III de la Radio nationale. Cette importante délégation, qui représente quelque 40 compagnies américaines, vient dans l'objectif de prospecter le marché et de conclure des partenariats. «L'essentiel est d'avoir une idée sur le marché algérien et sur les opportunités d'affaires et arriver à enfin conclure des partenariats, c'est notre objectif», a affirmé Ismaïl Chikhoune. Perçu comme étant une grande contrainte par certains investisseurs étrangers, le crédit documentaire, imposé par la LFC 2009 comme un nouveau mode de paiement, ne semble pas «agacer» les Américains. «Ceci ne les dérange pas du tout. Les Américains travaillent toujours avec des lettres de crédit...», a-t-il dit. Selon l'intervenant, ces chefs d'entreprise américains portent un intérêt particulier pour le secteur du bâtiment et celui des travaux publics. «L'Etat a engagé une enveloppe très conséquente. Cela attire énormément ces compagnies. Quand vous mettez sur la table 286 milliards de dollars, ça ne peut qu'attirer les investisseurs», explique-t-il. Les conséquences de la crise des subprimes se font toujours sentir un peu partout dans le monde, mais surtout aux Etats-Unis. C'est ce qu'explique, dans un sens, l'envie ou encore le besoin de ces businessmen américains d'explorer d'autres marchés. Les nouvelles mesures de la loi de finances complémentaire 2010 ne semblent pas déplaire à tout le monde. Là-dessus, les Canadiens sont sur la même longueur d'ondes avec les Américains. «L'Algérie ne représente pas un cas unique dans le monde en matière d'encadrement de l'investissement direct étranger (IDE). Nous voyons également (ces mesures d'encadrement) ailleurs. L'Arabie Saoudite a fait la même chose que l'Algérie», avait affirmé Pierre Duhaime, P-DG de la société SNC Lavalin à l'occasion d'une rencontre d'affaires algéro-canadienne, organisée le 18 septembre dernier à Montréal, en présence du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi. Les Russes semblent, eux aussi, être du même avis. «Les opérateurs russes ont l'habitude de travailler selon les conditions des pays hôtes, l'essentiel étant de conclure des contrats intéressants», a affirmé l'ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger, Alexandre Egorov. Ce dernier avait annoncé mercredi que le la réunion du Conseil algéro-russe se tiendra le 6 octobre. Cet événement coincidera avec la venue du chef de l'Etat russe, Dmitri Medvedev, et qui sera accompagné par une délégation d'hommes d'affaires.