Après avoir longuement boudé la presse, la chanteuse Fella Ababsa est revenue sur la sellette, dimanche dernier, pour promouvoir son dernier album «Tachakourat», lors d'une conférence de presse qu'elle a animée à l'hôtel El-Djazaïr. C'est une Fella sereine et plus sobre que d'habitude qui nous est apparue, accompagnée de son manager Mme Anoude, ancienne journaliste libanaise ainsi que de M.Belkacem Zitoute figure de la télévision algérienne. La sortie de son nouvel album a été, pour la chanteuse l'occasion de taire et défaire les «racontars» colportés sur elle, ces dernières semaines, relatifs à ce fameux et regrettable incident qui a marqué récemment le Festival de la chanson arabe de Carthage, ne manquant pas, par la même occasion de ternir son image et par ricochet l'image de marque de l'Algérie... Un incident dont elle a fait l'objet et les frais et qui a fait couler beaucoup d'encre à son sujet. Et pour cause! Elle se serait très mal comportée lors d'une soirée allant jusqu'à se «donner carrément en spectacle». Ce comportement indigne, s'il en est, lui a coûté les choux gras de la presse qui s'est empressée de médiatiser la chose. Que s'est-il réellement passé lors de ce festival de Carthage? C'est essentiellement autour de cette question qu'a tourné la conférence... Celle-ci fut entamée par Mme Anoude qui n'a pas manqué de souligner et de louer généreusement les mérites de sa protégée, Fella. Puis à celle-ci d'enchaîner à propos de sa carrière et de son métier qu'elle pratique depuis près de 20 ans maintenant. «C'est un rêve d'enfant qui s'est réalisé». Et de renchérir: «J'espère être à la hauteur des espérances de mon peuple et de la femme algérienne.» A propos de cette question sur laquelle on revenait souvent, une journaliste ira jusqu'à lui demander si elle était réellement «consciente» ce jour-là, autrement dit, si elle était consciente de son comportement. «J'ai évité le pire», dira-t-elle sans oublier de démentir formellement les «racontars» qui ont été rapportés par la presse. Et à son manager de poursuivre en remettant sévèrement en cause le contenu de certains écrits «mensongers», d'après elle. «Ceux qui étaient présents ce soir-là connaissent la vérité.» (A cet instant précis Naïma Ababsa et son mari Lyès El-Ksantantini entrent dans la salle et viennent s'asseoir aux côtés de Fella). Avant d'éclaircir la situation, la chanteuse précisera qu'avant Carthage elle s'était produite auparavant au festival d'Agadir. «C'était magnifique», s'exclame-t-elle. On ne peut en dire autant de Carthage. Cette mauvaise organisation apprend-on, est due à la programmation en dernière minute de la chanteuse tunisienne Sophia Sadeck, qui, lui a-t-on assuré, se trouvait à l'hôpital, ce qui fera dire à Fella que tout cela n'était qu'un coup monté «car je sais que le peuple tunisien m'adore». Et de légitimer son comportement en déclarant qu'elle avait dû avoir recours à l'improvisation par la force des choses... «Dans n'importe quel festival de renom, l'artiste a droit à plus d'égards, notamment de la part du chef d'orchestre. Il a droit également à des répétitions, à une prise en charge, sans oublier les partitions qui doivent être mises à sa disposition sur scène... Je n'ai eu droit à aucun de ses privilèges, pis encore, mon répertoire, je l'ai entièrement improvisé.» Ceci expliquerait donc cela. «De toute façon, ajoute-t-elle, tout est rentré dans l'ordre. On m'a promis de figurer sur la liste des chanteurs devant participer à la prochaine édition du festival de Carthage.» Ce qui a poussé une société de disques Rotana à signer avec Fella Ababsa et ce, pour sept ans. A cette question, son manager dira que la superbe et singulière voix de Fella a fait que des paroliers et des compositeurs ont été intéressés par elle. Puis à Fella de nous rappeler son parcours. «J'avais déjà chanté en français. Après mon apparition à la télé en compagnie de Khaled dans l'émission de Taratata, plusieurs producteurs étrangers m'ont contactée pour d'éventuelles signatures de contrats à condition que j'abandonne la tenue vestimentaire qui fait la fierté de la femme algérienne, et ce je l'ai catégoriquement refusé! Le contact avec Rotana, révèle-t-elle a été établi suite à ma rencontre avec Walid Taoufik.» A propos du milieu artistique dans lequel elle évolue aujourd'hui, «très rude, d'après elle: «Je viens de m'en rendre compte: ce milieu est très difficile. Il exige beaucoup de travail...» Abordant son album Tachakourat qui veut dire Remerciements en français, souligne Fella, celle-ci dira que ce dernier comporte neuf chansons dont une qui sera interprétée moitié français moitié arabe. Cette production soulignera Anoude est l'oeuvre de plusieurs compositeurs arabes connus tels Azar Habib, Abou Djawad et Ilias Rahbani le fameux compositaire de Faïrouz, entre autres. L'on ne s'étonnera pas s'il enregistre une bonne audience auprès du public d'autant plus qu'il sera distribué par Virgin Music, une matière. Son album sortira chez nous dans une semaine à peine. Des projets en duo? «Pas pour l'instant, déclare Fella, peut-être avec la Marocaine Naïma Samih, sinon un enregistrement avec un ensemble féminin des pays arabes.» Avant de clore la conférence en interprétant un court extrait (chanté a cappella) tiré de son nouvel album, Fella fera remarquer: «Attendez-vous à me voir, dans les prochains clips, non seulement chanter, mais aussi danser et jouer de l'accordéon. Cela fait trois mois que je suis des cours de danse», précise-t-elle.