Le prochain album de Fella Ababsa sera raï et il sera entièrement réalisé à Oran avec Kouider Berkane, chef d'orchestre. C'est ce qu'a annoncé la chanteuse, mercredi, lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'APC. Une conférence de presse, en prévision du concert qu'elle devait donner jeudi, au Théâtre de Verdure Hasni Chakroun, et aussi l'occasion pour faire la promotion de son tout dernier album. Fella n'est pas à sa première venue au raï, elle a déjà tenté l'aventure à ses débuts mais sans grand succès puisque, apparemment toujours en train de chercher sa voie, elle a dû passer par plusieurs genres dont celui qui lui a valu une relative popularité dans les pays du Golfe. Elle ne cache pas sa prétention et se place déjà dans la lignée de Warda El Djazaïria et cite Samira Saïd et Latifa. Un fardeau très lourd à porter pour une femme qui pense qu'« il n'est pas facile de s'intégrer au Moyen-Orient ». Elle avoue même que les Maghrébines sont considérées avec un certain dédain. C'est ce qui l'a poussée à lancer dans la foulée, sans doute aux frustrations, qu'elle a dû subir que « les Maghrébines sont des princesses et tous les habitants sont des rois ! ». Drôle de référence même si, s'appuyant sur un proverbe bien local qui dit « bougi takoul rrougi » (bouges et tu sera récompensé), elle a dû s'exiler (7 ans) au Liban avant que les bombardements israéliens, en réaction au Hizbollah, ne la contraignent à quitter ce pays et espérer revenir avec une considération artistique. Cela ne semble pas être le cas car, elle dit ne pas comprendre pourquoi on ne l'invite pas à des festivals en Algérie. Elle se sent toujours mal considérée dans son pays et lance des accusations à peine déguisées au gouvernement actuel. En effet, elle s'est souvenue que feu Houari Boumediène, dans ses déplacements, faisait appel aux artistes comme Rabah Driassa. Mais elle prévient qu'elle ne suppliera personne pour qu'on la laisse se produire sur scène. « On n'a pas le droit de m'éloigner de mon public », se plaint-elle. Mais qui serait derrière cet ostracisme envers elle ? « L'histoire le dira un jour », laisse-t-elle entendre. Pour ce qui est des duos, tout en reconnaissant que c'est Walid Tewfik, (grâce à une chanson avec lui), qui lui a ouvert les portes du Moyen-Orient, elle s'est déclarée elle aussi prête à aider un artiste moins connu et cite en exemple Houari Dauphin. En attendant, elle compte plutôt rendre visite à Blaoui El Houari, en espérant interpréter quelques-uns de ses succès. Emouvante était par contre, l'interprétation a cappella de la chanson dédiée à son père Abdelhamid Ababsa. Elle a même versé quelques larmes avant de se ressaisir, pour annoncer qu'elle compte se réapproprier l'œuvre Hizia pas à la manière traditionnelle, mais avec une orchestration moderne. Une sorte d'opéra, selon elle. En rapport à une question relative à sa mésaventure égyptienne, elle restera presque muette, elle a été, en revanche, prolixe pour en vouloir au directeur de l'hôtel Georges V à Alger, où on lui a refusé l'accès. On ignore les raisons exactes du malentendu, mais elle semble décidée à aller en justice pour être réhabilitée dans ses droits de « citoyenne », devait-elle préciser. « Je suis de signe taureau et donc sensible ! », devait-elle encore expliquer avant de lancer face à ces détracteurs : « Je suis musicienne et je joue du piano ! » Elle devait effectivement interpréter une chanson, en s'accompagnant du piano municipal, pour les personnes présentes dans la salle. A propos de piano, c'est juste un jeu de mélodies au « clavier » comme le faisait un peu à ses début cheb Mami pour s'accompagner. Mais il est évident que, pour ce qui est de son attribut naturel, sa voix est exceptionnelle et enveloppée dans une belle « carapace ».