L'heure est grave pour la Somalie, après que les shebab ont lancé, jeudi, une nouvelle attaque à Mogadiscio contre les forces gouvernementales et la force de paix de l'Union africaine (Amisom). Les partenaires de la Somalie se sont réunis jeudi aux Nations unies pour mobiliser des soutiens internationaux et chercher une plus grande cohérence dans les efforts dispersés pour sauver son gouvernement assiégé par les islamistes shebab. Augustine Mahiga, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Somalie, a estimé à l'issue de ce mini-sommet, que «la présence à New York de nombreux dirigeants avait offert la possibilité de galvaniser le soutien international au gouvernement de transition». L'heure est grave pour la Somalie, après que les shebab ont lancé jeudi une nouvelle attaque à Mogadiscio contre les forces gouvernementales et la force de paix de l'Union africaine (Amisom), au cours de laquelle au moins 19 civils ont été tués. Les participants ont entendu un rapport du président Cheikh Ahmed Sharif sur les progrès effectués dans le cadre du processus de paix. Ils ont demandé aux dirigeants de ce gouvernement d'«achever les taches restantes de la transition d'ici août 2011», en particulier le processus constitutionnel, et de «consolider la cohésion et l'unité interne» du gouvernement, selon un communiqué final. La mobilisation des ressources pour soutenir le gouvernement de transition et l'Amisom a été au centre des discussions, a expliqué M.Mahiga. Il a relevé notamment que cette force de l'Union africaine manque cruellement d'équipements de surveillance militaire permettant de prévenir les attaques des shehab. Dans un point de presse commun, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a fait valoir que le problème n'était pas de trouver des recrues pour l'Amisom, qui compte plus de 7000 soldats. Selon lui, l'Ouganda serait même prêt à déployer jusqu'à 20.000 hommes. «Le problème est que nous devons payer ces soldats, les équiper, leur donner un armement approprié», a-t-il fait remarquer. M.Ping a aussi dénoncé la stratégie des shebab qui tirent des obus depuis des marchés ou des mosquées, pour que l'Amisom réplique en frappant des zones où se trouvent des civils. Selon le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, «il y a eu un consensus politique à New York pour une aide bien coordonnée pour la Somalie». «Beaucoup plus doit être fait au niveau européen», a-t-il insisté. M.Frattini a proposé aux participants «une coordination par les Nations unies de tous les efforts de tous les acteurs». «On ne peut pas avoir une formation de soldats somaliens par les Français à Djibouti, une autre formation par les Italiens au Kenya et une troisième par l'Union européenne en Ouganda», a-t-il dit. «Il faut une stratégie cohérente: aider l'union africaine, appuyer les efforts des pays qui ont fourni les soldats et aussi multiplier les efforts au niveau financier», a recommandé le ministre. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a demandé aux agences de l'ONU de faire des efforts supplémentaires et de placer leurs actions sous la seule direction du représentant spécial, M.Mahiga. Avant la réunion, M.Kouchner avait exprimé son inquiétude quant au rapport des forces sur le terrain: «nous soutenons le gouvernement légal, mais il faut que cela se traduise par quelques victoires sur le terrain. On ne peut pas simplement défendre deux quartiers de Mogadiscio, ce que les forces des Nations unies font d'ailleurs très bien», a-t-il observé. «Il va falloir que se manifestent d'autres forces populaires pour soutenir ce gouvernement», avait-il remarqué. M.Kouchner avait aussi observé que «la France a entraîné 2000 soldats» somaliens censés renforcer le pouvoir légal face aux insurgés. «Mais où sont ces soldats. Je voudrais bien savoir à quoi ils servent et à qui ils obéissent?», avait-il dit.