Le jeune chanteur kabyle, Djilali Hamama, est la preuve vivante qu'on peut conquérir le coeur de milliers de fans sans bénéficier d'une quelconque médiatisation ou de passages répétés à la télévision ou à la radio. Cet artiste talentueux est l'un des meilleurs de sa génération. Dans cet entretien, il revient sur son parcours et ses succès. L'Expression: A quand remonte la sortie de votre premier album? Djilali Hamama: J'ai commencé réellement en 2001 avec l'album intitulé Issufa. Malgré les événements qui ont lieu cette année en Kabylie, l'album a très bien marché et a été réédité plusieurs fois. Aucun éditeur n'a voulu le prendre. J'ai été obligé d'avoir recours à l'autoédition. Après le succès de cet album, les éditions Irath Music m'ont contacté pour le rééditer avec un grand tirage afin de répondre à la demande. J'ai accepté, car je ne pouvais plus m'occuper de tout. J'ai pu avoir ma place malgré la sortie de plusieurs albums dont certains étaient liés à l'actualité comme l'album d'Oulahlou Pouvoir assassin. Il y a eu aussi la sortie de la cassette de Si Lakehal, qui était un album spécial fête qui a très bien marché aussi. Malgré tout, mes chansons ne sont jamais passées à la radio Chaîne II à l'époque et il n'y avait pas encore Brtv. Par la suite vous êtes passé à la Radio Chaîne II... Effectivement. C'était en 2004. La chaîne II a commencé à diffuser mes chansons à la demande des auditeurs. Depuis 2001, vous produisez chaque année un nouvel album, n'est-ce pas? Oui. Je me suis fait une règle de signer ma présence annuellement avec un nouvel album. Mon dernier produit est sorti il y a cinq mois. Il s'intitule Amechwar (le parcours). Quelle est selon vous votre meilleur album? Mes fans n'arrêtent pas de me dire que mon premier album reste le meilleur. Tout en respectant leur opinion, je suis persuadé que chaque nouvel album est meilleur que le précédent, car avec les années, on mûrit. Quand j'ai débuté, il y avait une faible orchestration. Mais maintenant, en plus de la percussion et la mandole, l'orchestre est riche avec le violon, le nay, le luth, el qanoun, etc... On dit que certaines de vos musiques sont des reprises de grands artistes orientaux. Confirmez-vous ces informations? Je suis le compositeur de toutes les musiques que j'ai chantées. Certes je suis un admirateur des artistes comme Kadem Essaher, Majda Erroumi et Abdelwahab Doukali. Mais je n'ai jamais repris aucune de leur musique. La preuve est que toutes mes musiques sont inscrites au niveau de l'Onda. Votre style est à peu près le même que celui de Ali Ferhati, Moh Oubelaïd et Karim Khelfaoui. Tous des artistes qui sont de la même région que vous, Ath Ouaguenoun. Comment expliquez-vous cette spécificité? Effectivement, il y a un style très en vogue dans la région de Ouaguenoun et ses environs comme Timizart d'où je suis issu. Il s'agit d'un mélange de musique kabyle, orientale et marocaine. C'est un peu comme dans les autres régions de Kabylie. Ath Douala, par exemple, est réputée pour, ses artistes très portés sur le style chaâbi. Azazga et ses environs est aussi connue pour le style moderne, etc...Moi, dès que j'ai commencé, j'ai eu un penchant pour les chanteurs que vous avez cités. Revenons à votre poésie. En vous écoutant, nous avons l'impression que vous ne chantez que sur ce qui vous touche directement. Vos chansons sont-elles autobiographiques? On peut dire cela. La majorité de ce que je chante a trait à ma vie et à mes préoccupations, mais il arrive que j'ajoute un peu en m'inspirant des expériences des autres. Qu'en est-il des spectacles que vous animez dans les différents coins de la Kabylie? Mes galas se déroulent bien. Le public a toujours été au rendez-vous. Par exemple, lors du mois de Ramadhan passé, je me suis produit à la grande salle de la Maison de la culture ainsi que dans les régions de Boghni, Iferhounène et Souamaâ. J'ai aussi chanté à Akbou, Tazmalt, Bouira, etc... Quels sont vos projets? Le projet immédiat, c'est le prochain album qui doit sortir dans moins de six mois. Pour l'instant, j'ai composé cinq chansons et je continue à travailler afin d'être fidèle au rendez-vous annuel avec mes fans. Avant de clore cet entretien, pouvez-vous brièvement raconter vos tout premiers pas, bien avant la sortie de votre premier album? C'est à l'âge de 15 ans que j'ai joué à la mandole pour la première fois. A 17 ans, je me suis présenté à l'émission de Medjahed Hamid, «Les chanteurs de demain». Après avoir terminé ma chanson, Medjahed Hamid m'avait dit que je n'étais pas fait pour la chanson. Quatre ans plus tard, je me suis rendu pour la deuxième fois à la même émission. Cette fois-ci, Medjahed Hamid m'a affirmé que ma voix était belle et douce. Peut-être qu'entre temps, j'avais évolué. Dernièrement, j'ai chanté à l'occasion de l'hommage qui a été rendu à Medjahed Hamid à Timizart. C'est dire que je ne lui tiens pas rigueur.