Le technicien français du MC Alger, Alain Michel, est revenu cette saison pour relever d'autres défis avec le vieux club algérois. Ex-manager général de Grenoble Foot 38, il avait réussi 14 accessions avec différents clubs avant de remporter le titre de champion de France de National en 2001 où il a d'ailleurs été désigné meilleur coach français. Avant de partir pour cinq jours en France pour des considérations personnelles, Alain Michel a bien voulu répondre à la sollicitation de L'Expression afin d'éclairer les fans du football sur son équipe, le MC Alger, tout en évoquant les chances de l'Equipe nationale algérienne de football dans sa quête de qualification à la CAN 2012. L'Expression: Quelles sont vos impressions sur le rendement et surtout, la défaite de votre équipe lors de ce premier match contre le MC El Eulma? Alain Michel: Nous ne méritons vraiment pas de perdre ce premier match. Ce but nous a vraiment handicapés et pourtant mes joueurs étaient bien présents sur le terrain. Le dernier geste nous a vraiment fait défaut dans ce match. Pourtant, le MCA a effectué une bonne préparation d'intersaison, n'est-ce pas? La concentration et la rigueur ont bien caractérisé le groupe durant cette longue préparation qui a duré environ deux mois et demi. Nous avons repris les entraînements en juillet dernier en enchaînant avec trois regroupements à l'étranger soit un premier regroupement en Pologne et les deux autres en Tunisie. Nous avons ponctué nos différents stages par des matchs amicaux qui nous ont permis de faire tourner l'effectif. D'où la possibilité d'acquérir et de parfaire ces automatismes et les enchaînements des opérations. De plus, ces stages nous ont également permis de garder la cohésion du groupe et surtout la récupération des joueurs blessés qui reviennent au fur et à mesure de leurs différentes blessures. C'est ainsi que nous avons également pu obtenir cette osmose et une ambiance au sein du groupe. Rejouer le titre avec une équipe composée en majorité de jeunes avec un calendrier chargé n'est pas chose facile pour le MCA cette saison, qu'en dites-vous? Il faut savoir que nos jeunes joueurs sont à leur deuxième année en seniors. Il y a eu un bon renforcement de l'effectif avec des joueurs cadres et on jouera donc ce nouveau titre de champion avec ces atouts. D'ailleurs, nous allons connaître une course infernale durant le mois de novembre prochain où on compte au programme pas moins de 8 matchs à disputer pour le compte de l'Union nord-africaine de football. On procèdera donc par étape. Il ne s'agit d'ailleurs, nullement de défendre un titre puisque le titre de champion nous l'avons bel et bien enregistré et arraché la saison passée. C'est un titre qui est déjà acquis. On rejouera donc pour le nouveau titre qui est celui du premier championnat professionnel en Algérie. Justement, quels sont vos objectifs durant cette saison 2010-2011? L'effectif de cette saison renferme 8 joueurs de moins de 22 ans qui sont encadrés par des joueurs chevronnés. Il y a donc une bonne marge de progression qu'il faudrait s'atteler à atteindre à son plus haut niveau avec ces jeunes. Nous allons d'abord tenter de bien débuter la compétition en championnat avant d'attaquer les matchs internationaux avec les rencontres de l'Union nord-africaine de football en novembre prochain. Puis, nous ferons la synthèse lors du mercato pour voir ce qui a marché et ce qui a manqué à l'équipe. Et c'est à partir de là qu'il faudra réajuster le travail et bien évidemment renforcer l'équipe par des joueurs qui manquent dans les compartiments qu'il faudrait revoir et retravailler. C'est à partir de là qu'on jugerait de la valeur de l'équipe, qui, j'espère, sera parmi le groupe de tête du classement pour mieux aborder la suite de la compétition après le mercato. D'autant plus qu'il ne faut surtout pas oublier que les matchs de la Ligue des champions africaine sont programmés au mois d'avril de l'an prochain. Ce qui veut dire qu'il faudra aussi prendre en considération cet aspect pour déterminer l'objectif de cette période-là. Il faudra donc procéder dès maintenant par étape pour discerner les objectifs au fur et à mesure de l'évolution de l'équipe et des différentes compétitions. Si on se retrouve parmi le groupe de tête durant cette période, à ce moment-là, on pourra donc carrément jouer le titre. Quelles sont les équipes susceptibles de jouer le titre cette saison, selon vous? Je pense surtout aux deux équipes qui ont de la constance dans leur évolution depuis une décennie et il s'agit bien de l'Entente de Sétif et de la JS Kabylie. Avec ces deux équipes qui jouent régulièrement les premiers rôles, il faudrait s'attendre donc à ce qu'elles soient toujours parmi le groupe de tête. D'ailleurs, si vous suivez bien l'historique vous découvrez par exemple que lorsque la JSK va mal, en fin de saison, elle termine 3e! C'est dire que le Mouloudia d'Alger doit espérer arriver à ce niveau-là. De plus, je vois bien la JSM Béjaïa venir en force cette année. Il ne faut pas non plus négliger la présence de l'USM Alger. Cette équipe fera certainement parler d'elle d'ici quelques années avec son groupe de jeunes joueurs. Et enfin, il ne faudrait jamais écarter une équipe surprise de la saison. Que pensez-vous de cette décision de lancer le professionnalisme en Algérie dès cette saison? C'est une très bonne chose dans la mesure où cela permet d'acquérir une nouvelle mentalité avec les nouveaux mécanismes que nécessite le professionnalisme. Reste à savoir comment vont être appliquées les mesures prises. Je note d'ailleurs un très bon cahier des charges qu'il faudrait bien remplir. En France, le professionnalisme n'a pas été institué du jour au lendemain. Il avait fallu du temps pour instaurer les mécanismes adéquats pour assurer la bonne marche et la bonne vision. En France, on avait dû d'abord équilibrer les budgets des clubs qui différaient d'une formation à une autre puis recevoir les aides de l'Etat avant d'arriver à s'autofinancer en appliquant les mécanismes et les ingrédients qu'il faut. Il faut changer le mode de gouvernance d'autant qu'on parle bien de la mondialisation. Ce qui veut dire qu'il faudra bien changer les mentalités. C'est bien d'avoir des sociétés par actions, car ainsi, et avec un actionnaire majoritaire cela permettrait de gagner en progression. Quand je vois l'exemple de la JSM Béjaïa et de l'USM Alger, je dirai que ces deux équipes peuvent bien atteindre les objectifs du projet de professionnalisation du club. Il faudrait donc bien s'adapter au nouveau système pour assurer une réussite. Mais, si je prends le cas du MCA, ce n'est pas le mieux indiqué. Il y a un bon canevas, certes, mais il faudrait donc attendre la suite et la rentrée pratique dans ce nouveau mode de gestion et prendre les mesures qu'il faut pour réussir. Il faut savoir qu'il y a des impôts à payer aussi bien par les dirigeants de la société que par les joueurs eux-mêmes afin de leur garantir une assurance. Il y a les charges salariales et tout ce qui s'ensuit. C'est donc selon le degré de la bonne application de ces nouvelles normes que se déterminera la réussite ou pas du professionnalisme. Le choix d'un entraîneur local ou étranger est toujours discutable en Afrique, qu'en pensez-vous alors que l'Algérie a justement choisi un technicien local, à savoir Abdelhak Benchikha pour driver les Verts? Ce n'est ni une qualité, ni un défaut, d'autant que nous sommes dans la mode de la mondialisation. Ce qui est très important, c'est surtout la compétence du sélectionneur national. Ce serait donc en termes de qualité et d'adaptation qu'il faudrait choisir un sélectionneur étranger. Un étranger, par exemple, doit bénéficier d'un certain laps de temps pour s'adapter et comprendre la philosophie et l'esprit du groupe dans un pays donné. La non-maîtrise de la langue par exemple est une tare. Le choix d'un sélectionneur entre local et étranger doit, de plus, être lié dans les principes par rapport à un projet et une qualification. Il se fera sur un temps compris entre 2 et 4 ans. Et c'est donc ce projet qui détermine la formule. Les insultes par exemple, si c'est un entraîneur étranger, il ne les comprendrait pas très bien en matière de linguistique s'il ne maîtrise pas la langue du pays. Alors que s'il les comprenait, ce serait une pression de plus. De ce côté-ci, un sélectionneur étranger possède cet avantage de la distance pour des choses qui ne sont pas essentielles. Le problème serait alors d'avoir en équipe nationale un équilibre entre se défendre et jouer pour battre l'équipe adverse. Il faudrait bien faire la différence entre ce qu'il y a lieu de faire dans le court terme alors que dans le long terme, il faudrait assurer une bonne progression. J'ai beaucoup apprécié Saâdane dans sa façon d'être. Il va falloir vraiment lui rendre hommage parce qu'il a réussi une bonne stabilité. Quant à Benchikha, il a montré les capacités d'un combatif et il peut ainsi apporter un plus à l'Equipe nationale algérienne. C'est d'un grand projet qu'il vient d'hériter. Reste à frapper fort les esprits. Il est bien capable d'assurer la continuité et d'assumer sa responsabilité avec un esprit gagneur. Quelles sont, selon vous, les chances de qualification des Verts dans la CAN 2012, à commencer par ce match contre la République centrafricaine le 10 octobre prochain? L'Algérie possède des chances réelles de se qualifier. Le Maroc, par contre, n'est pas bien. Mais Gerets, le sélectionneur, est un coach compétent, cependant, il ne sera avec l'équipe que dans quelque temps. D'ailleurs, d'ici au match entre l'Algérie et le Maroc en avril prochain, tout peut rentrer dans l'ordre. Les équipes auront plus de temps pour bien préparer ce match d'importance. L'Algérie a donc des chances de rectifier le tir. Il n'y a plus de petites et de grandes équipes, car chaque formation possède un minimum physique. Il n'y a qu'à voir le Rwanda ou la Zambie par exemple pour s'en convaincre. Pour le match à Bangui, la sélection algérienne possède des bases solides en défense et avec le retour de Antar Yahia et d'autres joueurs ainsi que l'intégration de quelques joueurs locaux, il pourrait y avoir de la fraîcheur physique. Car, le grand problème pour les Algériens, qui évoluent pour la plupart en Europe, ce sera de résister à ce climat tropical de la République centrafricaine et de toute sa région. De plus, ils ne vont pas jouer à 22h où le temps est plus frais, mais en milieu de journée. Ce qui sera très difficile pour des joueurs qui ont l'habitude de jouer dans un climat plutôt plus clément et auquel ils sont bien habitués. Ça sera donc un des problèmes à gérer à Bangui. Mais personnellement, je suis convaincu que l'Algérie a des arguments à faire valoir pour tenir le choc au cours de ce long déplacement..