Le stade Zabana a vibré lorsque, guidant un cheval de couleur rouge et blanc, Kacem Elimam a déchiré le ciel d'Oran en tirant plusieurs coups de son fusil de chasse. «Nous avons joué le maintien en nationale pendant les huit derniers championnats, alors que dans les années d'or d'Oran, le Mouloudia jouait les premières places. Le MCO ne mérite pas ce sort.» Ce sont là les déclarations que ne cesse de répéter Kacem Elimam lorsque le club des Hamraoua a connu, en 2008, une chute abyssale. La famille sportive oranaise et nationale est endeuillée par la disparition du président du MCO, hors pair, décédé dans la nuit de dimanche à lundi. Kacem Elimam ou encore «Belimam» tout court, comme le surnomment ses anciens compagnons, est l'une des figures emblématiques du football national. A Oran, d'aucuns ne peuvent occulter le rôle qu'a joué le Mouloudia pendant son règne et l'ordre et la discipline qu'il a mis en place. D'autant que ce dernier vient à la rescousse, à chaque fois que le Mouloudia est menacé. Son dernier retour a été d'avoir sauvé le Mouloudia lors de la saison 2008-2009 en lui permettant d'accéder à la D1 après que le sort du MCO ait été décidé à Chlef, en fin de saison 2007-2008, faisant sombrer toute la ville dans de violentes émeutes qui ont duré près de 15 jours. A cette date, le Mouloudia a essuyé une humiliation cuisante en étant relégué à la deuxième division après 45 ans passés en Nationale1. Venu à ce moment précis, Kacem Elimam a pris les rênes du MCO, sans condition, tout en promettant de redresser la barre et remettre le club sur les rails de la division d'élite. En dépit des contraintes financières asphyxiantes, l'ire et la contestation des joueurs et le bavardage dans les rues et coulisses de ses détracteurs, le sapeur-pompier a tenu tous ses engagements et répondu favorablement à toutes ses promesses. Après donc un passage bref en D2, le MCO s'est retrouvé en D1. Qu'elle fut belle la grande fête qui a ponctué la clôture du Championnat 2008-2009! Le stade Zabana a vibré sous les rythmes des karkabous et guellal tandis que Kacem Elimam, guidant un cheval de couleur rouge et blanc, a déchiré le ciel d'Oran par plusieurs coups de son fusil de chasse. Le défunt était sapeur-pompier de profession et plongeur de spécialité. Il a sauvé le MCO de la disparition de la carte nationale du football après qu'une sévère zizanie eut terrassé, durant les dernières années, la famille des Hamraoua. La mission n'étant pas un si simple point de vue vu la multitude de peaux de bananes qui jonchaient les chemins menant vers la maison du MCO. «On ne sombre jamais sous la pression ni des batons dans les roues mis sur notre chemin», a lâché le défunt connu de tout le monde pour son franc-parler. Il n'a lésiné sur aucun effort pour remettre à l'ordre les détracteurs du Mouloudia et ce, tout en motivant les membres de son staff et joueurs du club à pousser de l'avant le club-phare de l'Ouest ou de le quitter et laisser place aux forces montantes. Joueurs et cadres du club lui reconnaissent son dévouement depuis que ce dernier ait donné sa vie aux Rouge et Blanc. «Le passage de Ali au MCO est l'une des étapes qui ont marqué à jamais l'histoire du football du club, cet enfant a bel et bien laissé ses empreintes dans toute l'Oranie en inculquant à nos joueurs et supporters la vraie mission du sport», a-t-il reconnu lorsque le Mouloudia se débattait contre vents et marées dans la recherche d'un entraîneur de haut niveau. Notons enfin, que le défunt devait être inhumé hier après la prière d'Al Asr au cimetière de Aïn Beida d'Oran.