Environ 600 grévistes se sont rassemblés devant le siège de l'administration pour demander des explications quant à leur avenir professionnel. Le thermomètre s'affole au complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar, alors que le haut fourneau est à l'arrêt total. Loin des fourneaux et des ateliers du complexe, ça chauffe entre les travailleurs et l'administration. Hier, le complexe a connu un autre débrayage. Des centaines de travailleurs ont fermé le complexe. Certains ateliers de l'usine ont connu un arrêt total. Selon nos informations, un large mouvement de protestation a été déclenché dans la journée d'hier. Environ 600 grévistes se sont rassemblés devant le siège de l'administration pour demander des explications quant à leur avenir professionnel. Parmi les grévistes, on dénombre 300 employés qui occupent les postes de production, versés dans l'activité de sous-traitance et arrivés en fin de contrat. L'administration s'est engagée, en août dernier, dans un accord signé avec le syndicat dirigé par Smaïl Koudria, d'assurer l'insertion de ces employés en remplaçant les travailleurs partis en retraite. Ayant appris, selon nos sources, que l'administration songe à renoncer à son engagement, ces derniers ont entamé ce mouvement dans le but de clarifier leur statut avec l'administration et surtout pour exiger, en tout état de cause, la régularisation de leur relation de travail en vertu dudit accord. Les grévistes ont fermé l'accès au complexe. Selon des témoins oculaires, certains employés menacent de se suicider en se jetant du haut du fourneau. Hier, tout était à l'arrêt. A la suite de ce mouvement, l'administration a reçu quelques délégués des grévistes qui ont donné, au préalable un ultimatum jusqu'au 10 octobre pour répondre à leurs doléances. Aux dernières informations, les grévistes ont renoncé à cet ultimatum en entamant un autre mouvement de grève depuis hier et ce, «jusqu'à nouvel ordre». Suite à ce mouvement, le haut fourneau n°2 est à l'arrêt total. Ce qui laisse entendre que l'atelier de production ne produit plus. Une source proche de l'administration explique que l'arrêt du haut fourneau n°2 est dû à une panne technique. Ce que les grévistes rejettent. «Les travailleurs du service de production sont en grève. Le haut fourneau n°2 est en arrêt prolongé. L'intervention des techniciens pour un travail de maintenance a été faite, mais ce fourneau est éteint à cause de la grève», a précisé, à L'Expression, M.Koudria, dans une communication téléphonique. Outre ces travailleurs versés dans la sous-traitance, les autres grévistes, environ 300 employés dans les services de laminoirs, tiennent toujours à leurs doléances. Ils demandent la réouverture du siège du syndicat d'entreprise, la reprise des négociations sur les augmentations salariales, le retour du SG du syndicat et les primes. Les grévistes exigent également de la direction générale d'ArcelorMittal Annaba d'assurer la sécurité dans les sites de travail, a indiqué la même source. Rappelons que le siège du syndicat d'entreprise avait été fermé et les négociations sur les augmentations salariales et les primes suspendues à la suite de la naissance, en août dernier, d'un conflit opposant le syndicat d'entreprise et le comité de participation à cause d'une question de «représentativité». Des travailleurs proches de l'administration avaient procédé à la création du comité de participation (CP) pour contrecarrer le syndicat, expliquent les opposants de ce CP. Avant-hier, des membres du comité ont protesté devant le siège de l'Union de wilaya Ugta. La principale revendication des protestataires était «la dissolution du syndicat d'entreprise et de son bureau exécutif» et l'organisation d'une assemblée générale du syndicat. Les responsables d'ArcelorMittal s'en lavent les mains quant à ce conflit et tentent de s'en démarquer. Pour eux, ils ne privilégient ni l'un ni l'autre. M.Mohamed Guedha avait déclaré à ce propos que l'employeur ne privilégiait «aucun partenaire par rapport à un autre». M.Koudria ne veut absolument pas parler d'un conflit syndico-syndical. «Il n'y a pas de crise de représentativité. Il n'y a qu'un seul syndicat auquel les travailleurs tiennent.» Selon les habitués des coulisses de cette usine, ce mouvement de grève est perçu comme une suite de la lutte menée par l'ancien secrétaire du syndicat, Smaïl Koudria, au sein de cette usine. Ils expliquent que les grévistes tiennent aux mêmes revendications que le syndicat. «Il s'agit d'un soutien à M.Koudria», indiquent-ils. Au moment où nous mettons sous presse, on a appris qu'il aurait été mis fin aux fonctions de Daniel Atlan, directeur des ressources humaines du complexe. En attendant que le haut fourneau soit remis en marche et les ateliers reprennent service, le feu se propage à l'ensemble du complexe.