Salah Larbès, né le 16 septembre 1952 à Tixeraïne à Alger, est un ancien footballeur et international algérien connu pour sa modestie. «Dda Salah» a marqué de son empreinte son passage à la JS Kabylie avec laquelle il a remporté 8 fois le titre de champion d'Algérie, 2 Coupes d'Algérie, ainsi qu'une Coupe des clubs champions africaine, sans oublier la Supercoupe de la CAF. Il fut également l'un des principaux joueurs de l'EN avec laquelle il avait participé, notamment, à deux phases finales de la Coupe d'Afrique des nations, ainsi que deux phases finales de la Coupe du Monde. L'Expression: Il y a bien longtemps que Salah Larbès n'a pas été sous les feux de la rampe, qu'en est-il de cet état de fait? Salah Larbès: C'est très simple, on ne donne pas trop d'importance aux jeunes catégories et c'est ainsi qu'on passe souvent inaperçus. Je m'occupe actuellement de l'école de football de la JS Kabylie. Peu de sportifs savent que la JSK forme aussi des joueurs. Que vous inspire cette défaite de la JSK face au TP Mazembe lors du match aller des demi-finales de la Ligue des champions africaine de football? Trop de paramètres sont entrés en jeu durant ce match et je considère que la JSK a bien joué cette première manche. Si sur le plan technique, c'est une défaite qu'a enregistrée la JSK, pour moi, et sur le plan psychologique et mental, je dirai que c'est juste une histoire de gestion d'un match. A un but partout, il fallait bien gérer ce score. Mais, comme je l'ai déjà dit, plusieurs paramètres sont entrés en jeu et heureusement que les Canaris ont marqué ce but qui risque de faire la différence au match retour. Et vous pensez que la JSK pourrait bien se qualifier à la finale le 16 octobre prochain? Ecoutez, avec la JSK, j'ai appris une chose très importante: «impossible n'est pas JSK». Le fait d'être en demi-finale est déjà une performance pour notre équipe. Les joueurs ont réalisé un grand et surtout excellent parcours. Ils sont à féliciter et ils doivent continuer sur cette dynamique. Moi, je suis convaincu qu'on se qualifiera à la finale et non seulement on remontera les deux buts, mais on marquera plus de deux buts. J'estime que les joueurs de la JSK sont bien capables d'atteindre la finale et de remporter le trophée. Et comme je l'ai dit, les joueurs eux-mêmes doivent se mettre dans la tête qu'impossible n'est pas kabyle. Quelles impressions vous laissent les deux premiers matchs du premier championnat professionnel en Algérie? (Eclat de rire). Qu'on parle actuellement du professionnalisme en Algérie, je me dois de rire avec plaisir. Car, je vois mal comment parler de professionnalisme au moment où les équipes n'ont même pas un lieu pour s'entraîner et je citerai juste comme exemple, le cas du MC Alger et du NA Hussein Dey. Il n y a que deux ou trois clubs capables vraiment de passer au statut de professionnels. Quant aux autres, j'en doute fort. Il ne s'agit pas de parler professionnel et de le vouloir pour l'être. Jadis, la réforme de 1977 a sauvé le football algérien. Nous étions à l'aise sur tous les plans. C'est ce qui a produit les joueurs et les résultats que tout le monde connaît à présent. Mais, aujourd'hui, il y a de gros changements et des conditions plus difficiles pour parvenir au professionnalisme. C'est une étape très difficile d'autant que les investisseurs par exemple ne vont s'intéresser qu'aux clubs faisant de bons résultats, car ils véhiculeront l'image de marque. Je pense que cette première année va donner une idée sur ce qui attend nos clubs en matière de professionnalisme. Et quels sont les clubs qui vous semblent favoris pour gagner ce titre? Eh bien, je pense que la JSK, l'ESS, le MCA, sont capables d'être champions en fin de saison. Passons maintenant à l'Equipe nationale, comment appréciez-vous le changement opéré avec la nomination de Abdelhak Benchikha, succédant à Rabah Saâdane? Je trouve que ce n'est pas la bonne formule. C'est plutôt mauvais signe. C'est comme si on coupe l'élan d'un athlète en pleine foulée. C'est mauvais pour la stabilité du groupe. Or, en équipe nationale, la stabilité est primordiale pour avoir de bons résultats. Et je me dois, de suite, de préciser, que je ne suis nullement contre la nomination de Benchikha en qualité de sélectionneur national, mais je donne mon point de vue sur un état général de l'Equipe nationale et non d'un point de vue spécifique. D'ailleurs, je souhaite vraiment bon courage à Benchikha, car il a beaucoup de travail à faire avec ce groupe. Et je me demande si l'Algérie perdait ce match contre la Centrafrique, Benchikha tiendra-t-il le coup des critiques et saura-t-il vraiment contenir cette pression des fans des Verts? Il faudrait savoir s'il ne sera pas fragilisé après coup. Que fallait-il faire à votre avis pour assurer cette continuité? Moi, je pense qu'il fallait rappeler Rabah Madjer quitte à l'associer avec Saâdane. Maintenant, si on fait jouer les intérêts personnels avant ceux de l'Equipe nationale, c'est une autre histoire et une autre paire de manches. Avec les deux Rabah, l'Algérie «tervah» (gagne) toujours. C'est ma conviction. Pensez-vous que les joueurs algériens vont se racheter de leur dernier semi- échec face à la Tanzanie en réalisant un bon résultat à Bangui? Ecoutez, il est très important de dire que tout dépendra de l'équipe qu'alignera Benchikha dans ce match. C'est de ces joueurs que dépendra le résultat de l'équipe. Il y a eu beaucoup de blessés et c'est aussi une chose à prendre en considération. C'est une opportunité pour les joueurs ayant l'habitude de jouer remplaçants pour être titularisés et montrer ce dont ils sont capables. D'ailleurs, le résultat final de ce match contre la Centrafrique va définir la suite du parcours de notre Equipe nationale. Il n'y a finalement qu'une seule chose qu'il faudrait faire: gagner ce match pour revenir dans la course à la qualification. Et vous pensez que les Verts sont capables de ramener cette victoire? S'il n'y a pas trop de changements au sein de l'effectif, je pense que les joueurs algériens ont bien l'habitude de jouer sous la pression des stades africains. Ils ont, tout de même, acquis une grande expérience dans ce domaine et ils savent bien gérer ce genre de match important. Et que pensez-vous de la sélection centrafricaine? Sincèrement, je n'en ai aucune idée. Et je m'abstiendrai donc de toute spéculation. Quelles sont donc les chances de l'Algérie dans ce groupe «D», selon vous? Ecoutez, les chances des Algériens sont toujours grandes. Toutes les équipes sont à la même enseigne. Celui qui fera un bon résultat prendra une bonne option, pas plus. Une seule chose compte pour les Verts: il ne faut absolument pas perdre ce match pour ne pas se compliquer la tâche. On vous laisse le soin de conclure. Je souhaite simplement bonne chance aussi bien à l'EN pour le match d'aujourd'hui que pour la JSK lors de son match retour face au TP Mazembe le 16 octobre prochain.