L'ex-milieu défensif des Verts et médaillé d'or de l'épopée 1975 des fameux Jeux méditerranéens d'Alger et des Jeux panafricains 1978, ancien joueur et entraîneur du RC Kouba, Abdelaziz Safsafi a bien voulu fait part aux lecteurs de L'Expression, de ses impressions sur la première rencontre des Verts sous l'ère Benchikha face à la Centrafrique comptant pour les éliminatoires du groupe «D» de la CAN 2012. L'Expression: Quelle lecture faites-vous de cette défaite des Verts en République centrafricaine? Abdelaziz Safsafi: Je blâme les joueurs. Car c'est un groupe qui s'est forgé et qui est d'ailleurs mondialiste. Et de ce fait, c'était prévisible de voir une telle réaction de la part des joueurs de la République centrafricaine. Le nouveau coach, Benchikha, n'est pas du tout critiquable vu le laps de temps très court qui lui était imparti depuis sa nomination. Mais, quand j'ai entendu à la radio le président de la FAF évoquer les conditions dans lesquelles s'est déroulée la rencontre, je m'étonne. Car, c'est encore prévisible. Croit-on qu'on va accueillir un mondialiste avec des fleurs! Ce qu'il faut remarquer est que, selon les responsables, il s'agit des meilleurs joueurs évoluant à l'étranger, mais je n'ai rien vu comme hargne, ni technique, ni physique dans ce match. L'équipe est passée complètement à côté du match. Quant aux joueurs de l'équipe adverse, ils m'ont, par contre, paru animés d'une grande volonté de gagner face à ces mondialistes. Ils n'avaient, pour ainsi dire, rien à perdre. Mais plutôt tout à gagner. Même s'ils avaient perdu, on dira qu'ils ont perdu face à un mondialiste. Et c'est cette volonté et ce vouloir avec cette énergie dégagée que les Centrafricains ont réussi à arracher les points de la victoire face aux nôtres. Vous ne donnez aucune circonstance atténuante aux Verts? Absolument pas. Ce sont des professionnels et ils doivent bien savoir que jouer la Coupe d'Afrique des nations est un jeu style coupe même si ça se joue en forme de groupes. Les joueurs centrafricains ont été mentalement très forts et ont gagné tous les duels. C'est comme ça en match de coupe. Les équipes dites petites se transcendent pour battre celles désignées comme «grandes». Comme lors des matchs d'application entre les juniors et les seniors: souvent se sont les juniors qui s'illustrent pour des raisons claires de surpassement. Les seniors ne les prennent pas très au sérieux. Et c'est donc sans surprise que les «petits» réalisent leur but. Il ne faut nullement chercher des excuses. Aucune circonstance ni explication, genres atmosphères, conditions, climat..., ne seront acceptés comme arguments. Le coach Abdelhak le sait bien et je crois qu'il leur a certainement dit qu'il faut prendre ces équipes telles la Tanzanie et la République centrafricaine très au sérieux. Se sont des équipes qui n'ont absolument rien à perdre face à un mondialiste pour me répéter. La plupart de nos joueurs ont déjà vécu des matchs sur les terrains d'Afrique, donc pas de justification qui tienne. Ils sont passés à côté de leur sujet. Que relevez-vous comme points négatifs? Le fait de ramener un joueur comme Djabou, le moins que l'on puisse faire, c'est de le faire jouer. Ce qui n'a malheureusement pas été le cas. C'est un avis personnel. Je ne vois pas pourquoi on ramène de nouveaux joueurs pour les mettre sur le banc de touche. Si on donne la chance aux nouveaux, ce n'est pas en les laissant sur le banc, mais en les faisant jouer. Quand on voit un joueur comme Ghezzal à qui on donne par exemple 15 fois la chance de jouer en Equipe nationale, et qu'on prive un nouveau d'un seul essai, ce n'est donc pas donner la chance à ce dernier. En tous les cas, j'ai appris une chose: il faut toujours choisir ceux qui ont «faim» et non ceux qui ont le «ventre plein», comme on le dit si bien dans notre langage populaire. Et s'agissant des points positifs? Je ne vois nullement de point positif. Une défaite et un match où les joueurs algériens n'ont pas été à la hauteur ni sur le plan physique, ni mental, ni technique et ni tactique. Les réactions du public sont illustratives... Quelles sont donc, selon vous, les chances des Verts dans ces qualifications de la CAN 2012? En fait, on a largement le temps de bien se préparer. D'ici au mois de mars prochain pour le prochain match contre le Maroc, Benchikha et son groupe ont largement le temps de rectifier les erreurs. Seulement, il va falloir changer complètement de mentalité. Abdelhak doit refaire le gros du travail avec des «guerriers». D'ailleurs, je suis confiant face au Maroc. Car, expérience aidant, face aux grandes équipes, les joueurs se préparent très longtemps avant le match pour y être prêts. La difficulté réside lors des matchs contre les équipes «réputées» faibles. Ce qui est le cas de la Tanzanie et de la République centrafricaine, car avec ces équipes, les joueurs ne font pas les efforts psychologiques qu'il faut. Et vous pensez que le temps permettra vraiment des changements chez les Verts? J'espère bien. En tant qu'Algériens, on aimerait bien revoir notre équipe revenir en force. C'est une opportunité qui se présenterait face au Maroc pour un retour dans la course vers la qualification et il faudrait donc complètement changer de mentalité pour y arriver.