Dans notre société, le célibat est comme le tabagisme. Il est plus critiqué au féminin qu'au masculin. Effarant! «41% des femmes âgées entre 25 à 49 ans ne sont pas encore mariées. Les zones rurales sont les plus touchées par le phénomène du célibat». C'est par ce chiffre et constat alarmant qu'a entamé Dalila Iamarène-Djarbel, sociologue et membre du réseau Wassila, son intervention à l'émission «Femme et avenir», diffusée hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Tradition oblige, les femmes issues de ces régions ont du mal à trouver un compagnon. Entre problème de logement, chômage, la priorité aux études supérieures et la vie professionnelle au détriment de la vie en couple...le mariage a de plus en plus de quoi justifier son retard. Les universités et lycées regorgent de filles. L'invitée de la radio argue mordicus que le célibat féminin n'est pas un «phénomène spécifique à l'Algérie». A l'exception de la Palestine, où la moyenne d'âge du mariage des filles est à 26 ans, tous les pays arabes sont concernés. A la question de savoir sur quels critères se base actuellement le mariage, Mme Djarbel a affirmé que souvent «c'est la famille qui décide». Et d'ajouter: «Les jeunes filles et garçons sont exclus de la décision». Ce choix à contre-coeur se solde parfois par un divorce prématuré. C'est le déchirement, pour l'un comme pour l'autre. Abondant dans ce sens, le membre du réseau Wassila appuie sa réponse en affirmant: «La conception de la relation entre la femme et l'homme est actuellement basée sur le principe de perpétuer les liens familiaux.» Un chemin qui, selon ses dires, est parsemé d'épines. Dans une autre optique, la sociologue a longtemps insisté sur le fait que le mariage ne doit pas être le seul destin de la femme. Etayant ses propos, elle affirme qu'actuellement «la femme est assignée à la famille.» Dans notre société, le célibat est comme le tabagisme. Il est plus critiqué au féminin qu'au masculin. Certaines filles admettent leur situation tandis que d'autres endurent le martyre. Des témoignages? Linda, dont les propos sont rapportés par la radio, estime qu'être célibataire est devenu un fait courant. «Trouver un bon mari de nos jours est rarissime», dit-elle. Son futur époux, poursuit la jeune fille, doit accepter ses conditions. Lesquelles? «Je veux vivre dans mon propre appartement et garder l'argent pour mon compte». N'est-elle pas très exigeante? «Je préfère vivre seule que mal accompagnée», rétorque-t-elle. La sociologue estime que ces propos illustrent fort pertinemment la situation d'une fille qui travaille. «Cette fille a d'autres objectifs qui précédent le mariage. Elle veut être heureuse», explique la spécialiste. Et de dénoncer: «Contrairement à l'homme, on n'arrive pas à donner un statut à la femme célibataire». Dans son intervention, Mme Djarbel appelle les filles «à ne plus attendre l'homme qui frappe à leur porte pour demander leur main. Il faut que ça change, les filles doivent être les initiatrices d'une éventuelle relation». Est-ce possible dans une société aussi réservée que la nôtre? Peu probable. Quant au recours de certaines filles à des charlatans dans le but de mettre fin à leur célibat, l'invitée de la radio trouve cette pratique comme «une arme des faibles». En termes de statistiques, on rappelle que la proportion des femmes non mariées, dont la tranche d'âge est comprise entre 25 et 33 ans, représente plus de 52%.