Le professionnalisme n'est pas une fatalité mais un mal nécessaire pour redynamiser notre football et lui permettre d'être plus performant. Certains sont dans le rouge, d'autres menacent carrément de déclarer forfait, les clubs de l'élite sont en crise et tirent déjà la sonnette d'alarme. Les caisses sont vides et les aides tant promises, pour accompagner les Sspa dans leur nouvelle mission, tardent à venir. Le championnat national dans sa nouvelle configuration divise l'opinion et ne semble pas faire l'unanimité autour de lui. Beaucoup pensent, à tort, que les responsables du football algérien ont agi dans la précipitation en décrétant, dès cette année, le professionnalisme. Selon eux, la Fédération algérienne de football aurait dû patienter encore quelque temps avant de prendre une telle décision. Or, tout le monde sait que les instructions émanent de la Fifa et que la FAF n'a fait qu'obéir en les appliquant. Programmée initialement pour l'année 2009, la date de son entrée en application a dû être reportée à cette année grâce, notamment à une mesure exceptionnelle prise en faveur de l'Algérie. Cette confusion, voire le climat de suspicion, ne change, cependant, rien aux données du problème car le professionnalisme a ses exigences et a un coût, ce n'est pas en recourant à des pratiques jugées, pourtant, révolues que l'on contribuera à sa réussite. Le système D et l'opacité qui entourait, jusqu'ici, le fonctionnement, de bon nombre d'ASP, ne sont plus de mise aujourd'hui et doivent désormais, laisser place à une gestion plus rigoureuse et surtout plus saine de celles-ci, notamment, au plan financier. L'instauration d'une nouvelle politique excluant toute forme de bricolage et laisser-aller, s'impose, donc. Tout comme la promulgation de nouvelles lois permettant aux nouvelles Sspa de posséder leurs propres installations sportives et de pouvoir en disposer comme elles veulent et quand elles veulent. L'exemple du MC Alger qui n'est autre que le champion d'Algérie en titre, est édifiant. Endetté et miné par des problèmes internes, le Mouloudia d'Alger ne subsisterait à en croire certains, que grâce à la générosité des uns et la solidarité des autres. Devenu SDF, le comble pour un champion, le MCA donne le tournis à ses nombreux supporters à cause des changements continuels de stade et de domiciliation. A la longue, il est devenu comme un pestiféré à qui on refuse l'hospitalité. En parlant, justement, de stade, le moins que l'on puisse dire est que leur nombre est jugé nettement très insuffisant comparé à celui du nombre de pratiquants. Dans la région centre, spécialement, où l'on enregistre un très grave déficit. A l'exception des stades de Blida et du 5-Juillet qui est, du reste, souvent fermé, tous les autres, sont soit minuscules à l'instar de ceux d'El Harrach et d'Hussein Dey, soit ils ne répondent carrément pas aux normes en matière de capacité et de sécurité. Dans le cahier des charges, il est pourtant clairement mentionné que les installations sportives doivent être adaptées aux nouvelles mesures, autrement dit, agrandies et fiables en matière de sécurité. Que penser dès lors de la formation? Beaucoup admettent que nos clubs ne forment plus et ne s'intéressent pas assez aux jeunes catégories, préférant investir dans d'autres secteurs plus porteurs car le football est perçu comme un sport, source de profits. Que reste-t-il du concours du Jeune footballeur organisé, jadis, et qui a permis l'émergence de nombreux talents. On se vante d'avoir ouvert ici ou là, un centre de formation, mais croit-on au moins en son utilité, sachant que la plupart des équipes préfèrent recruter des joueurs formés ailleurs plutôt que de s'occuper elles-mêmes de leur formation. L'OM Ruisseau, le NA Hussein Dey, le RC Kouba et bien d'autres encore, avaient acquis une réputation de clubs formateurs. Observons la place qu'ils occupent aujourd'hui. Très récemment, l'Algérie a abrité une compétition continentale pour jeunes qui a permis aux nôtres de s'illustrer en arrivant jusqu'en finale. Combien sont-ils ceux à être parvenus à accéder au palier supérieur? A peine une poignée diront certains. Et les autres qu'on n'hésitait pas à présenter comme de futures vedettes. Toujours est-il que beaucoup d'autres ont vu leurs espoirs tombés à l'eau et leur carrière stoppée, victimes d'ostracisme et de préjugés. La FAF, en dépit des solutions qu'elle tente d'apporter en ouvrant, notamment une école au Centre sportif de Sidi Moussa, est persuadée en tout cas que seul un changement au niveau des mentalités et une approche plus pragmatique et surtout plus réaliste de la question, pourraient aider à la multiplication des centres de formation. Comment éponger les dettes des Sspa, semble être pour l'heure, l'unique préoccupation de la Fédération qui est continuellement à la recherche de nouveaux sponsors afin de les encourager à assister financièrement et administrativement les Sspa. Si certains hésitent encore, c'est uniquement parce qu' ils ne connaissent rien au sport, et qu'ils attendent le signal des pouvoirs publics qui ont promis d'éponger les déficits. L'univers du professionnalisme ne doit pas être perçu comme une fatalité, mais comme un mal nécessaire pour la redynamisation de notre football à travers, notamment une meilleure prise en charge des clubs et des jeunes talents.